Programme détaillé des symposiums
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jeudi 21 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle V10
Entité de recherche organisatrice
Laboratoire CIREL Equipe Proféor Université de Lille Bat. B – bureau B3-213 Domaine universitaire Pont de Bois 59653 Villeneuve d’Ascq Cedex
Rigolo comme la vie » gère et accompagne des structures pour les collectivités et les entreprises 162 boulevard de Fourmies BP 615 59061 – Roubaix https://rigolocommelavie.org
Corinne BAUJARD, Professeure d’université Directrice de l’équipe Proféor CIREL Université de Lille
La thématique abordée est une approche originale de la réflexivité dans la reconstruction de son expérience avec autrui. Comment la reconstruction de son expérience avec autrui modifie-t-elle l’action de soi ?
Nous partons de l’hypothèse selon laquelle à travers l’expérience d’autrui peut modifier sa façon de faire et permettre de se doter de compétences humaines pour exercer son activité personnelle et professionnelle.
Il s’agit de se demander comment autrui transforme mon identité humaine. Cette approche caractérise « l’agir professionnel » (Argyris, 1995 ; Schön, 1984) du comportement d’autrui de ce qui a pu se passer de manière consciente ou inconsciente et d’en expliciter la posture d’apprentissage.
C’est ce temps de recul que vous propose ce symposium par un retour reconstruit. C’est comprendre la nature de la connaissance « actionnable » (Schön 1984 ; Argyris, 1995) autant pour les professionnels que pour les chercheurs. La réflexivité est une activité de pensée qui a pour objet de prendre conscience des déterminants de la pensée, des savoirs, de l’expérience et plus largement de l’implication de soi. Elle vise à reconsidérer la pratique d’une activité sociale de soin d’accompagnement de rétablissement et plus largement l’objectivation d’un processus de distanciation contribuant à façonner les conduites humaines.
Ce travail de réflexion vise à prendre conscience de la construction de soi, plus précisément comment se construit une représentation de soi-même qui va interférer avec autrui. Il faut trouver un cadre (Vygotsky, 1934), l’analyse de l’activité permettant de mieux comprendre l’implication affective et émotionnelle selon une perspective interactionniste comme celle de la relation entre le sujet et l’objet (Goffman, 1973).
Ce symposium permettra de se demander si une posture « Faire de son expérience avec autrui une part de soi » détermine une transformation effective de la connaissance qu’elle procure. La question de l’influence de soi dans la transformation de ses savoirs, de ses représentations et de ses pratiques (Habermas, 1973) interrogera le sujet lorsqu’il se prend pour objet d’analyse et de connaissance (Bourdieu, 2001).
Ce symposium distingue le vécu d’expérience et les leçons de l’expérience. En réalité, l’apprentissage par l’expérience est le produit de l’interaction sur autrui dans le monde professionnel.
Dubet (2022) considère que devenir soi-même est avant tout une expérience sociologique au cours de laquelle les apprentissages informels sont prépondérants (Baujard, 2020). Observer n’est jamais aisée (voir sans doute du côté de Spinoza) puisque « l’intention de transformation du monde » (Barbier, 2013) produit un changement dans la construction identitaire personnelle et sociale des acteurs. Quels savoirs mobiliser permettant de comprendre autrui ? Cette question trouve une réponse dans « une caractéristique construite à partir de son engagement situé, finalisé, donnant lieu à attribution de valeurs » (Barbier, 2011).
C’est pour cette raison que ce symposium va reconstruire progressivement les activités présentes sur tous les terrains de recherche des participant es de ce symposium.
Le professionnel est à la fois un acteur et un sujet. L’acteur se socialise autour du travail éducatif. Le sujet se construit dans l’expérience sociale de son activité et donne du sens à son vécu, à son histoire grâce à la réflexivité. Ces caractéristiques sont enseignées dans les milieux de formation des adultes.
On en déduit que les sciences de l’éducation sont indispensables pour analyser la relation à autrui. Elles visent à identifier la connaissance de savoirs qui structurent la réflexion dans le cadre de la pratique professionnelle. Schön (1996) dans le prolongement des travaux de Piaget (2007) porte une attention sur la manière dont l’expérience de soi se construit et transforme l’activité humaine dans la manière d’éprouver autrui. Cette construction passe par une construction sociale qui se joue. Bruno Latour (2015) établit une distinction entre les actions en nous invitant à reconnaître qu’autrui agit sur la réalité. Il les nomme des « faitiches ». Il faut apprendre à prendre la mesure de leur efficacité et rester prudents face à leurs illusions.
La manière de « Faire de son expérience avec autrui une part de soi »suffit-elle au professionnel dans la reconnaissance de son expérience selon une subjectivation qui engage ses qualités humaines et transforme chacun de soi « en entrepreneur de nous-mêmes » (le care, la solidarité, le don et le contre don, l’éthique, les valeurs). Cela nous rappelle l’illusion de Bourdieu (1994) qui reconfigure les relations. On peut aussi aborder l’art de se raconter des histoires pour transformer un slogan pour soi-même et pour autrui comme le décrit Christian Morel dans son ouvrage les décisions absurdes (2014) qui se penche sur « des métarègles de la fiabilité » qui identifie les ressorts profonds et suscite un débat autour d’enjeux sociaux trop souvent éludés.
Le symposium montre que les chercheurs en Sciences de l’éducation peuvent apporter une contribution significative pour comprendre les interactions avec autrui à partir de son expérience de soi. Il conclura en soulignant que des clés de compréhension de Faire de son expérience avec autrui une part de soi » (Dewey, 1933 ; Bandura, 1991) et des pistes d’un nouveau paradigme de recherche qui montre bien les transformations des relations de travail.
La posture adoptée par le collectif de ce symposium (chercheur es, professionnelles) donne toute sa place à l’expérience de cette production de connaissances en contexte.
Rubriques proposées dans le colloque
1 – S’émouvoir du monde
Erika Léonard (docteure, qualifiée en sciences de l’éducation) :
Quand le chercheur devient l’accompagné : effets transformatifs de la relation avec le sujet-objet de sa recherche .
Mots-clés: écoute clinique, réflexivité, accompagnement, transformations du sujet/ du chercheur
L’accompagnement des adultes en reconversion professionnelle prend de multiples visages, singulièrement depuis la loi sur l’Avenir professionnel (Ministère du Travail, 2018) : conseiller d’orientation, psychologue du travail, conseiller en insertion sans compter les référents présents au sein des centres de formation (AFPA, Greta, et même CFA) participent de ce projet.
Parmi ces figures, le chercheur, qui fait de ces parcours de reconversion son objet de recherche, constitue un cas singulier. D’abord parce qu’il n’est pas attendu – pas plus qu’il n’est nécessaire – dans le cheminement des adultes en reconversion : la transition peut en effet s’effectuer sans lui. Ensuite, parce qu’il n’est pas directement sollicité par les premiers intéressés : il ne fait pas partie du « circuit » d’accompagnement. Enfin, parce que l’étude des parcours paraît décorrélée de la notion d’accompagnement (Beauvais, 2004) : le chercheur se contenterait de travailler à chercher puis à donner à voir des données « froides » relatives aux trajectoires réalisées (statistiques, GPEC, etc.,).
Pourtant, notre approche est différente : ancrant notre recherche dans une dynamique de co-construction, selon une approche compréhensive, complexe (Morin, 1990; Pagès, 1993) et biographique (Legrand, 1993), nous avons fait le choix d’accompagner non pas tant la reconversion elle-même que la mise en œuvre d’un processus réflexif (Schön, 1997) autour de la dynamique de transition professionnelle, au cours de la reconversion comme à son terme.
Le travail mené à partir de supports graphiques, réalisés par les sujets, a convoqué les récits individuels relatifs aux ancrages sociaux et familiaux des premiers intéressés selon la perspective des Groupes d’Implication et de Recherche (GIR) de la sociologie clinique (Gaulejac, 2020; Gaulejac et al., 2007). A ce titre, le chercheur, impliqué dans la relation de co-construction, se voit mis au travail au même titre que les sujets de sa recherche. Non seulement, il interroge son rapport à son objet (Barus-Michel, 1986; Bouilloud, 2007) mais il fait lui-même l’épreuve d’effets transformatifs. L’écoute clinique (Niewiadomski, 2012), mobilisée dans les entretiens biographiques, semble participer d’un accompagnement non plus unilatéral mais bien mutuel de sorte que l’accompagnant devient aussi l’accompagné. Quelles transformations s’opèrent chez le chercheur au contact de cette relation ? Comment endosse-t-il ce rôle a priori d’incongru d’accompagné ? Quelles sont les incidences sur la recherche menée ?
Bibliographie :
Barus-Michel, J. (1986). Le chercheur, premier objet de la recherche. Bulletin de psychologie , 39(377), 801 804.
Beauvais, M. (2004). Des principes éthiques pour une philosophie de l’accompagnement. Savoirs, 6(3), 99 113.
Bouilloud, J.-P. (2007). Le chercheur, un autobiographe malgré lui. In V. (de) Gaulejac, F. Hanique, & P. Roche, La sociologie clinique. Enjeux théoriques et méthodologiques (p. 75 89). Erès.
Gaulejac, V. (de). (2020). Dénouer les noeuds sociopsychiques : Quand le passé agit en nous . Odile Jacob.
Gaulejac, V. (de), Hanique, F., & Roche, P. (2007). La sociologie clinique. Enjeux théoriques et méthodologiques . Erès.
Legrand, M. (1993). L’approche biographique : Théorie, clinique. Hommes et perspectives; Epi-Desclée de Brouwer.
Ministère du Travail. (2018). Loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel. La loi en 10 points clés. https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/leaflet-_for_pro_3_.pdf
Morin, E. (1990). Introduction à la pensée complexe. ESF Editeur.
Niewiadomski, C. (2012). Recherche biographique et clinique narrative : Entendre et écouter le sujet contemporain . Érès.
Pagès, M. (1993). Psychothérapie et complexité. Épi-Desclée de Brouwer.
Schön, D., A. (1997). Le praticien réflexif. A la recherche du savoir caché dans l’agir professionnel . Les Editions Logiques.
Corinne Baujard (Professeure) Expérience esthétique au défi de la pratique de soi au musée.
Expérience esthétique au défi de la pratique de soi au musée.
Cette communication s’interroge sur la relation entre l’expérience esthétique qu’offre le musée et la transformation de soi au contact d’œuvres qui bouleversent notre regard sur le monde. Une thérapie reposant sur des émotions esthétiques peut-elle contribuer au soin ou au rétablissement d’une personne, en associant l’expérience de l’art à une démarche de guérison ou d’intégration sociale ? Le musée peut-il soigner et devenir thérapeute ? Sa visite permet-elle d’engager un travail sur soi et contribuer à un bien-être personnel ? Une approche compréhensive dans une exposition récente dans un musée permet d’appréhender comment la visite construit, forme autant qu’elle surprend, dérange nos savoirs communs par l’ingéniosité des supports employés à des fins de rétablissement personnel. Autant d’occasions d’ouvrir les voies d’une recherche sur la pratique du soin au musée et le rapport à soi et au monde qui s’y institue.
Mots clés: musée, médiation culturelle, soin thérapeutique, souffrance, rétablissement.
Bibliographie
Baujard, C. Baeza, C. Danvers, F. 2024, Médiation culturelle et expérience de soin thérapeutique , Paris : L’Harmattan , à paraître.
Baujard, C. 2021. « Expérience esthétique au défi de la pratique de soi au musée ». Revue internationale de recherche biographique, Le sujet dans la cité, 9, 221-235.
Baujard, C. 2020, (dir.), Environnement éducatif et musées, les Cahiers du Numérique , vol. 15, n° 2.
Brun, A., 2005. « Histoire de la médiation artistique dans la psychothérapie psychanalytique ». Psychologie clinique et projective , 11, 323-344.
Canguilhem, G. 1952. La connaissance de la vie, Paris : Vrin.
Cifali, M. 2018. S’engager pour accompagner. Valeurs des métiers de la formation . Paris : Presses universitaires de France.
Dewey, J. 2014 [1934]. L’art comme expérience. Paris : Gallimard.
Dubuffet J. 1973. L’Homme du commun à l’ouvrage.Paris : Gallimard.
Dubuffet, J. 1986. Bâtonsrompus. Paris : Minuit.
Fassin, D. 2020. De l’inégalité des vies, Paris : Fayard.
Fleury, C. 2019. Le soin est un humanisme, Paris : Gallimard.
Goffman, E. 1991. Les cadres de l’expérience. Paris : Gallimard Minuit.
Goffman, E. 1975. Stigmate, les usages sociaux des handicaps. Paris Gallimard Minuit.
Jullien, F. 2009. Les transformations silencieuses. Paris : Le livre de Poche.
Labbé, L. 2022, « La muséothérapie, analyse des potentiels thérapeutiques du musée », Les cahiers d’études de l’Observatoire de l’OCIM, Ecole du Louvre.
Liot, F. & Montero, S. 2015. « Les projets artistiques et culturels dans les établissements de santé : quels changements dans les pratiques et les organisations ? ». Culture & musées, 26, 208-212.
Martuccelli, D. (2007). Forgé par l’épreuve. Paris : Armand Colin.
Nauleau, M. (2018). « Musée + Art-thérapie = Muséothérapie », La lettre de l’OCIM 175.
Vygotski, I. (1935, trad. 2005). La psychologie de l’art, Paris, La Dispute.
Winnicott, D. W. (1971). Jeu et réalité, l’espace potentiel. Paris : Gallimard.
Carole Baeza (PU) laboratoire Expérice : Analyse d’un processus créatif en expression graphique et mobilisation de savoirs sensibles et techniques
A partir d’un terrain d’enquête mené avec une plasticienne durant la période 2022-2023, nous nous demanderons comment se déroule le processus créatif et quels en sont les savoirs sensibles et techniques qui en découlent ? C’est à l’issue de nombreux échanges entre chercheure et plasticienne, toutes deux en situation de production artistique, que porterons nos analyses. Ancré en phénoménologie de la perception grandement inspirés par la philosophie de Merleau-Ponty (1945/2016), notre postulat est que nous sommes notre corps et que toute conduite esthétique (Kerlan, 2004) fait appel au corps en action où se conjuguent le monde du sensible et l’usage d’une technique : ici celle de la peinture avec de l’encre et de l’eau. Nous verrons, dans la limite des circonstances de cette recherche, que le processus de création suppose un engagement entier du corps et de l’esprit de la personne et que c’est dans l’après-coup, lors d’échanges entre les deux interlocutrices qu’une compréhension de ce qui s’est passé est nécessaire ; laissant émerger l’intérêt, les différentes étapes du processus créatif et surtout le fait d’avoir pris conscience que ce sont les savoirs sensibles (Baeza, 2019) qui orientent le processus créatif et que la part d’imprévu, celle non maîtrisée par la personne se niche dans la technique, à savoir l’utilisation de l’encre avec de l’eau.
Baeza, C. (2019). Savoirs sensibles. Dans C. Delory-Momberger (dir.), Vocabulaire des histoires de vie et de la recherche biographique (p. 161-163). Toulouse : Érès.
Merleau-Ponty, M. (1945/2016). Phénoménologie de la perception. Paris : Gallimard.
Kerlan, A. (2004). L’art pour éduquer ? La tentation esthétique. Contribution philosophique à l’étude d’un paradigme . Québec, Canada : Presses de l’Université Laval.
2- Produire et se produire dans le monde
Nelly Logez (doctorante en contrat CIFRE, professionnelle), Marion Cappoen Responsable service handicap. Éveil Pluriel
Structuration de l’inclusion sociale : proposition d’une méthodologie éducative au service de la petite enfance. L’acte pouvoir des professionnelles de l’inclusion en crèche : Etude de cas au travers la présentation d’une crèche incluant des enfants en situation de polyhandicap.
A l’heure où l’inclusion sociale tend à devenir la norme (Avenard et Toubon, 2018), nous portons notre regard sur les inclusions qui fonctionnent. Dans le Nord de la France, depuis 2013, une crèche de 30 berceaux réserve une dizaine de places aux enfants en situation de polyhandicap, il s’agit d’accueillir le singulier dans le milieu ordinaire.
La réussite de ce dispositif est assurément multifactorielle, nous allons nous arrêter sur l’un des facteurs qui est le système de pensée actionné par les professionnels de la petite enfance pour poser l’acte éducatif. Dans cette perspective interactionniste, nous avons été amenés à observer de quelle façon se construit la représentation de soi-même qui va interférer avec autrui afin de saisir ce qui fait sens éducatif selon le sujet. C’est en modélisant l’actepouvoir (Mendel, 1998) que nous avons pu déterminer ce modèle. En repérant le pré-acte (Quête de sens) l’action (Réflexion intellectuelle) l’acte (Rencontre avec la réalité) et le post-acte (Évaluation) nous comprenons quel système de pensée est attendu sur le terrain et il est bien différent de celui qui est attendu quand il s’agit de recueillir le volet santé.
3- Engagement dans le monde et transformation du sens : Agir sur l’activité d’autrui et engager une représentation de soi.
Patrick Salaun, David Dissaux(doctorants) Enjeux biographiques dans les lettres de motivation rédigées par les étudiantes souhaitant s’inscrire en première année de formation aux métiers de masseur-kinésithérapeute et d’infirmier.
Cette communication propose d’explorer les enjeux biographiques mobilisés dans seize lettres de motivation de candidats souhaitant s’inscrire en première année de formation aux métiers de masseur-kinésithérapeute ou d’infirmier.
Pour chaque type de formation, l’analyse textuelle a permis à la fois de montrer une structure architecturale commune à chaque corpus, et de mettre en lumière une approche ontologique et narrative du sujet apportant autant d’éléments de compréhension et d’argumentation des expériences de vie mis en lien avec le projet de formation. Cette mise en mots, ce récit de soi, permet d’observer une approche chronologique des évènements et un travail de construction conscientisée de la réalité du candidat. Cette forme de travail éducatif souligne un lien étroit entre le sujet, ses expériences (formelles ou buissonnières) et les savoirs émergents (non conscientisés par le sujet) dans son futur parcours de formation.
4 – Analyse de besoins et action de construction des sujets
Anne-Françoise Dequiré (maître de conférences, HDR qualifiée, laboratoire CIREL)
La jeunesse vulnérable et les épreuves de la vie : quand l’expérience éprouvée et narrée amène à la transformation de soi.
Notre communication portera sur l’analyse réflexive des épreuves traversées par des jeunes en situation de vulnérabilité et particulièrement sur la transformation identitaire qu’elles ont engendrées suite à la « mise en mot » avec autrui.
Toute épreuve (scolaire, existentielle) a un pouvoir heuristique. Elle demande à l’éprouvé de trouver des ressources, des supports, des stratégies pour la défier mais aussi des moments pour la réflexivité. L’épreuve est toujours une expérience aux significations et aux répercussions marquantes dans la construction de soi.
C’est au travers des interactions avec les professionnels de l’éducation, de l’intervention sociale que les jeunes en situation de vulnérabilité vont pouvoir développer des compétences dans et par l’action (Pastré, 2001). Les personnes éprouvées deviennent alors les « analystes de leur propre activité ou de celle d’autrui » et peuvent « découvrir un savoir implicite et d’autres façons de faire » (Mollo et Nascimento, 2013).
Il s’agira de comprendre de quelle manière la reconstruction de l’épreuve vécue et sa mise en mot avec autrui modifie l’action de soi.
Christophe Ducrocq (doctorant, professionnel de l’accompagnement) : pratiques d’accompagnement : entre transformations et vulnérabilités de jeunes professionnels. En quoi travailler les compétences d’autrui développe les miennes en tant qu’accompagnant de jeunes professionnels ?
Accompagner c’est aider à donner la direction, et donc orienter ; le but de tout accompagnement est bien d’aider l’autre à s’orienter (Paul M 2009) vers un métier ou une occupation.
Lorsqu’on accompagne une personne, on est « avec » elle, en sa compagnie, avec solidarité ; on est en support, en appui ou en aide, on est la béquille ou l’attelle qui permet de corriger une blessure. Etre avec, c’est aussi être ensemble.
La dimension dialogique dans la relation d’accompagnement est essentielle, puisque le fait d’être en relation découle de la parole, du récit et de la narration (Paul, 2015) : les échanges réciproques et les confrontations permettent d’installer la relation et provoquent un processus interactionnel (Pineau, 2015) : raconter ses expériences, se raconter soi-même, échanger, discuter, participe à l’établissement d’une base relationnelle forte (Paul, 2009a).
Il s’agit donc bien d’une chance de développement personnel de l’adulte, résultat et de l’interaction entre l’accompagnateur et l’accompagné (Poulin M, 2015), et de la fonction formative de l’accompagnement (Pineau G, 2015).
Au cours de la démarche d’accompagnement, l’autre se trouve dans une situation particulière dans laquelle il est perdu : être avec lui, c’est l’épauler, l’aider en toute fraternité. C’est donc « plus qu’un contrat, c’est une alliance » (Le Bouedec, 2007), dans laquelle les acteurs sont liés par une forme de solidarité réciproque. Quand l’autre est perdu face à des questionnements sur sa situation et son devenir, on l’accompagne parce qu’on ne veut pas qu’il soit seul, ou même parce qu’on ne veut pas rester sans compagnie (Cornu L, 2015).
Cette forme de compagnie confraternelle est portée par les « passeurs », personnalisés par les accompagnants, qui « font passation » (Cornu L, 2015), et elle est constituée d’un espace relationnel dans lequel sont mis en commun des efforts et des ressources, et un « espace de pratique du lien, du dialogue et de la liberté » (Paul M 2015).
La posture d’accompagnement doit s’adapter à la personne, à sa singularité, en portant sur elle un regard bienveillant, et en croyant à son potentiel de développement (Pineau G, 2015). Cette posture n’est possible que si l’accompagnant avance avec l’objectif de conserver une parité dans la relation, une attitude modeste et en retrait (Pineau G, 2015).
Au sein de la relation d’accompagnement, il est primordial que l’accompagnant ne tente pas de se substituer à l’autre, car les effets de l’accompagnement ne se font sentir que si l’individu s’en perçoit comme partie prenante (Paul M, 2015) : au contraire, l’accompagnant doit promouvoir une posture réflexive, condition pour la formation d’individus responsables et autonomes (Paul, 2015). Il ne doit pas prendre la place de la personne accompagnée, décider pour lui ou elle, ou lui imposer des choix, car c’est cette dernière qui conserve une place centrale et première (Lemoine, 2005). Les missions du professionnel qui agit sont principalement de dégager des voies qui soient possibles, et de « faire faire », et non pas de faire en lieu et place (Lemoine, 2005).
La posture personnelle d’accompagnement se situe « aux côtés de » ; elle doit sa pertinence aux situations des personne concernées, que ce soit des situations extrêmes de fin de vie, de crise ou de rupture, ou des situations de choix existentiel (Le Bouedec, 2007). Accompagner consiste à aider une personne à se construire par rapport à ces situations ou à un projet se construisant dans le même temps (Paul, 2015).
La présence attentionnée de l’accompagnant qui constitue le fondement même de l’accompagnement (Paul, 2015) se matérialise par une écoute « non directive » (Lemoine, 2005) afin d’apparaître comme un facilitateur mettant le bénéficiaire sur la voie de la réflexion et du questionnement (Poulin, 2015), en renvoyant un regard autre, valorisant, et une reconnaissance (Poulin, 2015).
L’accompagnant apporte concrètement des moyens au bénéficiaire dans ses démarches, et il lui fournit un cadre et des méthodes pour progresser (Lemoine 2005). Plus généralement, Il apporte ces moyens à un bénéficiaire afin qu’il puisse « re-commencer », voire « re-naître » dans son existence professionnelle ou personnelle, après une situation d’échec ou une épreuve difficile (Boutinet, 2007).
Le terrain de notre étude se situe dans le champs de l’insertion professionnelle auprès de jeunes de 16 à 25 ans suivis par une Mission Locale et ayant intégré le dispositif CEJ (Contrant engagement jeune). Ces jeunes suivent diverses ateliers ; nous nous intéressons à un atelier appelé « pitch » et dont l’objectif est d’apprendre à ses jeunes en moins de trois heures à se présenter en 3 minutes. L’enjeu pour eux est de pouvoir réussir leurs entretiens d’embauche en mettant en avant leurs compétences et leurs réussites. (Pitch : anglicisme désignant un bref résumé d’un scénario d’un film ou d’un livre. Dans le domaine de la recherche d’emploi, ce terme est utilisé pour désigner une présentation de soi-même concise et destinée à convaincre un recruteur).
Nous tenterons d’expliquer comment l’intervenant de ces ateliers, un accompagnant professionnel, adapte son accompagnement au public qui est à la fois jeune et éloigné de l’emploi, souvent exclu socialement, et n’ayant pas les codes sociaux habituellement convenus. Leurs champs lexicaux sont limités, leurs capacités de concentration réduites, et leurs comportements quelques fois inadaptés.
Ce qu’on appelle le « Pitch » est un outil utilisé par les cadres et agents de maitrises pour se présenter de façon concise en mettant en avant leurs compétences : amener un public jeune à utiliser cet outil relève du défi. L’intervenant doit à la fois adapter le contenu de la formation, utiliser les mots justes qui font écho aux jeunes ; il doit également adapter sa façon d’animer l’atelier et son attitude, ce qui exige un travail constant d’explicitation.
Malgré l’attitude de ces jeunes qui peut apparaître manquer de politesse, de civilité et de respect, l’accompagnant doit dépasser ses propres appréhensions, ses convictions et ses certitudes pour développer de nouvelles compétences professionnelles et personnelles : il doit faire preuve d’empathie et de compréhension, d’adaptabilité et de bienveillance.
En utilisant les retours d’évaluations de ces jeunes de l’atelier et en réalisant une auto-analyse et une auto-évaluation de ses compétences techniques et comportementales, nous tenterons de mettre en avant ces changements et ces transformations.
Bibliographie :
Boutinet, J. (2007a). Introduction. L’accompagnement dans tous ses états. Dans : Jean-Pierre Boutinet éd., Penser l’accompagnement adulte (pp. 5-16). Paris cedex 14, France: Presses Universitaires de France.
Cornu L ( 2015 ), Accompagner, entrer en compagnie. Edition Permanente N° 205 p 41 à 52
Le Bouëdec, G. (2007). Chapitre I. Tous accompagnateurs ? Non : il n’y a d’accompagnement que spirituel. in : Boutinet JP éd., Penser l’accompagnement adulte (pp. 169-188). Paris ce-dex 14, France: Presses Universitaires de France.
Lemoine, C. (2005). Se former au bilan de Compétences. Paris : Dunod.
Paul M. (2009a). Autour du mot accompagnement. In Recherche et Formation, 62, 129-139.7
Paul M ( 2015 ), L’accompagnement : de la notion de concept. Edition Permanente N° 205 p 21 à 29
Paul, M. (2018). 2. Ce qu’accompagner veut dire. Dans : Patrick Cottin éd., Accompagner les adolescents : Nouvelles pratiques, nouveaux défis pour les professionnels (pp. 25-34). Toulouse, France : ERES.
Poulin M ( 2015 ), L’accompagnement professionnel des publics : une démarche intégrative indissociable du parcours Edition Permanente N° 205 p 31 à 41
5 – Interaction et transaction
Claire Delporte (doctorante). Le rapport à la vie professionnelle des jeunes : fruit d’interactions avec le monde et de réflexivité.
Les individus se construisent au sein d’une société. Dès leur naissance, ils sont entourés de tiers(leur famille, leurs éducateurs, des pairs, etc..), ils vivent dans un environnement, dans lequel sont transmises des valeurs et des normes. Au cours de leur existence, les individus sont amenés à faire de nombreuses expériences. Travailler en est une. Par travail, nous entendons ici, uniquement ce qui a une visée rémunératrice et participe à faire marcher l’économie du pays. Le travail tient une grande place dans le parcours individuel de tout un chacun : dès l’orientation post-bac, les individus sont amenés à se positionner, soit ils ont déterminé un projet professionnel e
vendredi 22 septembre 2023 – 10h00-12h30 – salle V10
Entité de recherche organisatrice
Univ. Lille, ULR 4354 – CIREL – Centre Interuniversitaire de Recherche en Education de Lille, F-59000 Lille, France. Cirel- Recifes, campus universitaire de Villeneuve d’Ascq, +33 (0)3 20 41 62 70.
Sabine THOREL-HALLEZ
La construction des « formes identitaires de l’individu » (Dubar, 2000) s’alimente des différents environnements dans lesquels les sujets s’acculturent, composent, se détachent… pour se singulariser. La dimension genrée est un des axes de définition de soi et d’interactions à autrui. La remise en question de la bi-catégorisation hommes-femmes dans les travaux sur le genre (Dorlin, 2005 ; Butler, 2009 ; Touraille, 2011 ; Fausto-Sterling, 2012 ; Dayer, 2014…) invite à étudier les processus de construction de soi au regard de la multiplicité des identités rendue possible. Nous examinons le genre en train de se faire (notion dégagée des travaux de West et Zimmermann, 1987) en classe et en formation des enseignant.es par le biais du corps en mouvement (pratiques physiques somatiques, artistiques…) que nous considérons comme « la caisse de résonnance de toute expérience » (Berger, 2005, p.52).
Ce symposium est organisé de manière à faire dialoguer entre elles.eux des représentant.e.s de disciplines scientifiques et scolaires qui partagent le même objet de réflexion : le corps.
Sabine Thorel-Hallez présentera les enjeux de la thématique de ce symposium, l’articulation des interventions éclairant les problématiques des pratiques de formation et de scolarisation au regard de l’égalité de genre.
Puis elle enchaînera sur la présentation d’une recherche débutante relative aux normes de genre véhiculées par le corps en mouvement d’étudiant.e.s de première année de Master MEEF (premier degré). Cette recherche exploratoire se déroule dans le cadre d’un module de formation transversal aux disciplines traitant du corps (EPS, SVT, Arts visuels). Elle fait suite à une première recherche menée de 2019 à 2021 lors d’un module de formation des professeur.e.s des écoles stagiaires relatif à la lutte contre les discriminations (Thorel-Hallez et al, en expertise). Les modules sont appréhendés sous formes de jeux de danse. Le caractère ludique des situations engage les participant.e.s à entrer rapidement dans le jeu et à dévoiler subrepticement des indices de communication genrée, peu prompts à favoriser l’égalité entre les personnes.
En quoi ce dispositif permet-il de repenser les relations à l’autre du point de vue des discriminations de genre et de l’égalité et ainsi de penser autrement le curriculum de formation des enseignant.e.s ?
Observer l’activité en train de se faire et y percevoir des indices de transmission de stéréotypes de genre n’est accessible finement que par des dispositifs innovants. La notion d’activité didactique, déclinée des travaux de Clot (2010) est le support du questionnement sur le sens des communications propagées par le corps. Le cadrage théorique est ainsi construit sur trois notions : genre, activité, dispositifs.
Cette recherche a comme perspective de discuter l’articulation pratique-théorie en formation. Seront discutés en particulier des contenus et des démarches innovantes pour impulser une dynamique relative à la formation à l’égalité de genre.
Sophie Necker et Joséphine Rémon ont recueilli, au cours de l’année 2022-2023, les « moments spéciaux » de l’ensemble des élèves d’une classe de cours moyen 2e année (CM2) lilloise. A l’issue de chaque séance de danse (avec leur professeure des écoles, avec les artistes intervenant.e.s, en tant que spectateur.rice.s, danseur.euse.s et/ou spectateur.rice.s), les élèves ont consigné sur un billet anonyme (mais donnant accès au sexe des auteur.e.s des billets), des satisfactions et insatisfactions à l’égard de situations vécues au cours de ces séances (Audrin, 2020 ; Cuisinier et Pons, 2011 ; Espinosa, 2020). Dans la continuité de précédents travaux (Necker et al., 2022, 2023), Sophie Necker et Joséphine Remon exposeront les premiers résultats de cette recherche en répondant aux questionnements suivants : quelles émotions les activités de danse suscitent-elles chez les élèves ? De quelle façon élèves filles et élèves garçons reçoivent-ils cette activité (longtemps associée au féminin, en Europe) et les dispositifs pédagogiques proposés par les adultes l’encadrant ? Que dit le contenu des billets du bien-être subjectif des élèves ? Les verbatims renvoient-ils à des usages et des rapports au corps ? Si oui, de quelle façon, dans quels contextes et avec quels effets ? Quelle est la nature des relations à l’Autre (du même sexe et de l’autre sexe) énoncées dans les billets ? La verbalisation des émotions dit-elle les identités en construction ? Par l’étude de la « qualité de l’expérience subjective » (Zeidan,2012, p. 47) au « niveau du ressenti personnel » (Sarremejane, 2017, section 3), ce travail permettra d’éclairer ce qu’un projet de danse en partenariat fait à ses participant.e.s, du point de vue du genre « en train de se faire » (notion dégagée des travaux de West et Zimmermann, 1987).
Etienne Barraux
L’intervention du groupe REPères tentera de montrer comment la question des inégalités de genre permet de progresser sur l’ensemble des actions d’accompagnement pédagogiques et de réinvestir les réflexions portant sur le corps et l’espace du corps.
Le groupe illustrera ses travaux en mettant en avant ce qu’il propose à savoir un espace pour échanger, débattre de sujets qualifiés comme « sensibles », « glissants » et « existants » comme un enjeu auquel les professionnels de l’éducation sont exposés sans parfois même en avoir conscience. Formé actuellement d’enseignant.es d’éducation physique et sportive en éducation prioritaire à Paris, le groupe REPères se centre sur les expériences de terrain vécues par les élèves et les adultes encadrants « en donnant la parole ». Il s’agit d’analyser la consistance pédagogique par ses modes d’entrées, ses évaluations, la gestion des espaces, la communication et l’accompagnement des apprenants. Le groupe essayera alors de rendre accessible une posture, un état des lieux afin de faire écho à une pratique réflexive.
Jean-Paul Filiod
L’intervention de Jean-Paul Filiod portera sur la construction d’identités plurielles situées au carrefour de l’éducation, de la formation, des arts et du bien-être. L’exposé s’appuiera sur des entretiens avec des chorégraphes femmes ayant travaillé : en milieu scolaire ; avec des personnes à mobilité réduite (personnes âgées ou/et handicapées) ; à l’hôpital ; en prison ; en entreprise. Poursuivant une carrière artistique, elles développent des compétences dans le domaine des pratiques somatiques, à visée thérapeutique ou de conquête d’un bien-être au quotidien. Nous analyserons comment ces pratiques irriguent les écoles et comment celles-ci intègrent de leur côté des pratiques corporelles qui interrogent la culture scolaire.
Les réflexions qui traverseront la communication de Loïc Szerdahelyi trouvent leur origine dans un séminaire sur la mixité et l’égalité filles-garçons proposé entre 2017 et 2021 à l’ESPE/INSPE de Dijon puis prolongé à l’UFR STAPS de Lyon, pour des étudiant·es de master MEEF 2nd degré EPS. Espace de diffusion des recherches centrées sur le genre, ce séminaire visait aussi à identifier des pratiques innovantes concernant l’enseignement de l’égalité. L’égalité, oui mais laquelle ? Et dans les faits, comment composer avec la différence des corps sexués, dont la mise en jeu sur les terrains physiques, sportifs et artistiques confronte les enseignant·es à d’irréductibles contradictions de genre ? L’une des pistes suivies fut d’envisager l’égalité sous/sans condition (Sénac, 2015, 2019 ; Szerdahelyi & Couchot-Schiex, 2020) afin de sortir de dilemmes – égalité formelle/réelle et égalité/équité – devenus insolubles. Plusieurs principes d’action permettent de porter une égalité sans condition à l’école, parmi lesquels la création de nouvelles catégories de classification des élèves ainsi que la vigilance portée aux discours justifiant les choix professionnels (Szerdahelyi, 2022). Sur la base d’une analyse secondaire d’entretiens oraux (n = 29), cette communication mettra à l’épreuve ces deux principes d’action au regard des représentations d’enseignant·es d’EPS tuteurs ou tutrices d’étudiant·es de licence STAPS ou de master MEEF EPS. À l’interface de la formation initiale et de l’exercice du métier, les tuteurs et tutrices des stages en établissement scolaire permettent d’interroger la socialisation professionnelle vis-à-vis de l’égalité et la construction des formes identitaires genrées quand le corps est en mouvement.
mercredi 20 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle Z21
Entité de recherche organisatrice
ADEF-GCAF UR 4671 52 avenue Escadrille Normandie Niemen 13100 Marseille
Aix-Marseille Université INSPE 52 avenue Escadrille Normandie Niemen 13013 Marseille
Eric TORTOCHOT Nathalie REZZI
Les enseignements artistiques peuvent-ils participer à la formation d’individus aptes à agir pour répondre aux défis du monde de demain (OCDE, 2018) ? Convoquant différentes formes d’art (arts plastiques, éducation musicale, danse, théâtre, design) de l’école élémentaire à l’université, les communications du symposium étudient leurs effets sur le développement des compétences transformatives (OCDE, 2018 ; Joliat et Terrien, 2021) considérées comme essentielles pour appréhender et s’intégrer dans un monde en mutation tout en exerçant son esprit critique (Grondeux, 2021) dans le respect d’autrui (Marpeau, 2013). Les dispositifs présentés et analysés dans les différentes communications placent les apprenants (élèves de l’école élémentaire, collégiens et lycéens, étudiants de master, étudiants parfumeurs) au cœur d’une pédagogie expérientielle (Mandeville, 2009) qui aide chacun à se construire comme « sujet majeur » (Brousseau, 1988) d’un monde en devenir aux identités plurielles (Garnier, 2014).
Communications :
1. Advenir au monde dans ses différences : Nithael Rosso (Master MEEF, Aix-Marseille Université).
Un individu se construit en interaction avec l’environnement qui l’entoure, que cela soit à partir du rapport interhumain mais également à partir de la vision du monde qu’entretient le groupe auquel il appartient. Notre société française, occidentale et moderne, ne se veut pas monolithique en termes de cosmogonie mais présente au contraire une pluriculturalité venant interroger notamment la transmission, au sein du système éducatif, des normes et valeurs ayant pour fonction sociale la cohésion entre les agents, donc leur intégration dans la société. De politiques éducatives tournées vers l’homogénéisation des traits culturels à des perspectives interculturelles souhaitant intégrer par les capacités de dialogues entre les diversités, les débats demeurent vifs quant au partage d’un même espace temps par une pluralité d’identités (Garnier, 2014). Cet enjeu réside notamment dans la création d’un espace de rencontre, une culture commune (Guerraoui, 2009) qui apparaîtrait comme une zone de tampon entre les divergences par l’acceptation et la reconnaissance mutuelles et qui ne saurait être effective sans une construction identitaire cohérente (Archambault, Mc Andrew, Audet, Borri-Anadon, Hirsch, Amiraux, Tardif-Grenier, 2018) ainsi qu’une maîtrise de la langue et des références culturelles propres à une société (Adami, André, 2014 ; Sénat, 2017). Le développement de compétences socio-citoyennes à l’école à travers les enseignements artistiques, serait donc à penser dans le but de l’assise d’une unité sociale où chaque individu puisse advenir au monde dans sa différence.
2. Effets de dispositifs utilisant une approche ou des supports artistiques sur les compétences émotionnelles et langagières en cycle 3 : Pasquier, A. (ADEF-GCAF, UR 4671, Aix-Marseille Université), Eschenauer, S. (LPL, UMR 7309 Aix-Marseille Université) Colazzina-Papon, L. (ADEF-GCAF, UR 4671, Aix-Marseille Université), Rezzi, N. (ADEF-GCAF, UR 4671, Aix-Marseille Université)
A partir des résultats de deux études récentes (Eschenauer et al., sous presse ; Pasquier et al., 2022), nous nous proposons de présenter et d’analyser les effets de deux dispositifs pédagogiques destinés à des élèves de cycle 3 sur le développement de leurs compétences émotionnelles et langagières.
Plus en détails, nous verrons en quoi l’approche dite « performative théâtrale » a permis à un élève présentant un trouble neurodéveloppemental de faire évoluer ses compétences émotionnelles (conscience émotionnelle des émotions d’autrui) et communicatives en anglais langue vivante étrangère (dans ses composantes corporelles, psychosociales et linguistiques).
Nous verrons également que le recours à un dispositif pédagogique implémenté dans une école élémentaire classée réseau d’éducation prioritaire (REP), a eu pour effet, grâce notamment à des supports artistiques et culturels (œuvres d’art, littérature jeunesse, dessin, danse) d’augmenter les niveaux de conscience émotionnelle (des émotions propres et de celles d’autrui) et de production orale en français (langue de scolarisation).
Nous ouvrirons la discussion autour d’un questionnement sur la construction d’enseignements qui participent à la construction de soi et de sujets individuels aptes à percevoir le monde et à s’ouvrir à autrui dans un même espace-temps d’activité.
3. Des pratiques artistiques à la construction de soi : la faculté d’autorégulation : Terrien, P. (ADEF-GCAF, UR 4671, Aix-Marseille Université), Ballester, M. (ADEF-GCAF, UR 4671, Aix-Marseille Université), Moreau, J-P. (PRISM UMR 7061; UR4671 ADEF-GCAF; MIM, Aix-Marseille Université)
Dans le contexte de l’école élémentaire (cf. cycle 3), un des apprentissages fondamentaux visé par le programme de l’Éducation nationale de 2020 est l’acquisition et le développement du raisonnement lié au développement de l’esprit critique et au vivre ensemble (cf. MEN, cycle 3, p. 4) . L’éducation musicale à l’école est considérée comme favorisant ces acquisitions (cf. MEN, Cycle 3, p. 47-50). Peut-on observer chez les élèves pratiquant la musique instrumentale, notamment au sein du dispositif orchestre à l’école (OAE), un esprit critique plus efficient que chez leurs camarades ?
En s’appuyant sur des approches théoriques croisées, – l’analyse perceptive des images sonores (cf. phénoménologie et musique, Dastur, 1994 ; Moreau, 2021), la psychologie cognitive concernant la métacognition et les habiletés métacognitives (cf. principalement l’autorégulation, Brown, 1987 ; Zimmermann et al., 2017), et la didactique de l’enseignement musical (cf. théorie des activités, Schneeberger et al, 2021 ; Terrien, 2021, 2022) -, cette recherche expérimentale vise à vérifier si l’esprit critique lié à la capacité d’autorégulation est plus développé chez élèves-musiciens que chez les élèves non-musiciens.
Sur le plan méthodologique, l’étude repose sur l’observation de deux groupes d’élèves (musiciens et non musiciens ; n. 90) de cycle 3 (CM2) d’écoles élémentaires en REP+. Les passations sont fondées sur un test de catégorisation de 9 vignettes audio, un exercice en mathématiques, et un questionnaire sur l’activité d’autorégulation concernant les élèves inscrits au sein du dispositif OAE.
L’hypothèse de recherche est que la pratique régulière d’un instrument de musique, notamment dans le contexte scolaire, permettrait aux élèves musiciens de développer leur faculté d’autorégulation et d’avoir ainsi la capacité de partager un même espace-temps d’activité avec autrui.
4. La danse pour advenir autrement au monde : Alexandra Arnaud-Bestieu (ADEF-GCAF, UR 4671, Aix-Marseille Université)
Pour faire face aux défis du monde de demain, l’attention portée par les politiques éducatives aux savoirs disciplinaires se couple à une attention au développement de compétences transformatives favorisant la capacité d’agir des individus (OCDE, 2018), afin que les jeunes deviennent des « citoyens actifs, responsables et engagés » (p. 5) pour « bâtir le monde de demain » (p. 3). Le bien-être personnel et le sens de la collectivité, l’inclusivité, la capacité d’adaptation, la créativité et l’ouverture d’esprit font partie des composantes de ces compétences transformatives stipulées par le rapport. Dans cette communication, nous aborderons comment la danse peut contribuer à développer ces compétences transformatives chez les élèves, ce que la recherche en dit, et d’autre part, comment les enseignants de danse peuvent faire en sorte qu’elles soient mobilisées (Duval & Arnaud-Bestieu, 2021). Pour cela, nous adopterons une posture critique (Savoie-Zajc & Karsenti, 2011) afin d’examiner les données et résultats de la recherche appliquée (Van Der Maren, 2003), empirique, majoritairement qualitative, axée sur l’intervention, et relative aux impacts de la danse sur ces compétences. Il s’agira donc d’éclairer en quoi et à quelles conditions les enseignements chorégraphiques participent à la construction de soi et de sujets individuels aptes à percevoir le monde et à s’ouvrir à autrui, dans une vision adaptable, ouverte et créative.
5. Apprendre le respect d’autrui avec le rallye numérique : Le rallye numérique, interactif et collaboratif permet-il de renforcer des compétences de respect d’autrui et d’esprit critique pour favoriser le vivre-ensemble ? Fauquet, C. (ADEF-GCAF, UR 4671, Aix-Marseille Université)
Le rallye est un jeu dans lequel des équipes doivent partir d’un point A pour rejoindre un point B en résolvant des énigmes et en participant à des jeux, à travers des animations ou des épreuves. Il fait référence à un thème et vise à consolider la citoyenneté des élèves autour des dynamiques territoriales (Mola, Rousselet & Gouret, 2017). Cet artefact met en lien des jeunes avec les institutions publiques et le milieu associatif (Bordiec, 2017). Il contribue à produire des liens au sein de la communauté éducative (Mola, Rousselet & Gouret, 2017). Le rallye développe la pratique de l’activité sportive et culturelle (Bordiec, 2017). Il permet d’aborder certains sujets avec les apprenants par le biais du jeu ou du débat (Dumollard, 2014). Ce dispositif mobilise l’éducation populaire et l’éducation nationale, il développe des compétences de vivre-ensemble (Mola, Rousselet & Gouret, 2017 ; Marcato, 2014) et favorise le respect d’autrui (Neveu & Vincent, 2020).
L’individu fait partie de la société, il est en relation avec l’autre (Gauchet, 2012 ; Plante, 2013 ; Roelens, 2020), toutes les personnes ne sont pas identiques (Arendt, 1995). Alors, le respect n’est pas inné et il doit être provoqué (Plante, 2013). Les êtres humains sont interdépendants (Chevallier, Baumard, Grèzes & Pouga, 2010) et coopèrent afin de vivre ensemble (Freeman, 1990 ; Nadeau, 2007). C’est en rapport à l’autre que l’individu se construit (Marpeau, 2013. Rezzi & Brissaud, 2021). Le respect d’autrui se développe grâce à divers processus cognitifs (Chevallier, Baumard, Grèzes & Pouga, 2010) ainsi que par l’identification de similitudes entre pairs (Rousseau cité par Dupuis, 2003). Les compétences sous-jacentes du respect d’autrui sont à la fois sociales, émotionnelles et cognitives (Florin, 2009 ; Luis & Lamboy, 2015 ; OMS, 2021). Il est important de développer des « compétences transformatives » qui peuvent servir aux élèves en contexte scolaire, mais aussi dans un cadre extérieur (OCDE, 2018 ; Joliat & Terrien, 2021, p.7). Le respect d’autrui se développe grâce à l’estime de soi (Dupuis, 2003) et à l’identification (Kant cité par Theis, 2003). Il favorise l’altérité (Plante, 2013). L’esprit critique permet de penser par soi-même (Grondeux, 2021 ; Tisseron, 2021) afin d’être un acteur autonome et respectueux des autres au sein de la société (Nadeau, 2007).
L’utilisation du jeu numérique collaboratif renforce le respect de soi et de l’autre (Rueff, 2013). Les médias diffusent un important flux d’informations (Aillerie & McNicol, 2016 ; Barnes, 2013 ; Ellison & Boyd, 2013) et ces représentations sont interprétées par chacun en fonction de son référentiel et de son cercle socio-culturel (Tisseron, 2021 ; Bourdieu & Passeron, 1972). Ils mettent en avant de multiples représentations du monde qui nous entoure (Masséi, 2015 ; Massuet, 2013). Au sein des groupes, elles peuvent provoquer des discriminations (Fischer, 2020 ; Quilliou-Rioual, 2014 ; Fiske & Taylor, 2011). Grâce à l’outil numérique, il est possible de présenter des images plus réalistes (Schiele, Louie & Chen, 2020). Dauphin (2012, p.23) préconise d’utiliser le numérique afin d’acquérir un « usage citoyen » de l’outil. Le rallye qui permet de mieux comprendre les représentations sociales (Neveu & Vincent, 2020 ; Marcato, 2014), associé au numérique, il peut développer de nouvelles compétences (Duperrex, 2021). Dauphin (2012, p.1) pense que ces compétences numériques sont nécessaires pour développer le « vivre-ensemble » en milieu scolaire.
6. (Co) contribution de l’enseignement des arts plastiques à la construction de soi : Claverie, I. (ADEF-GCAF, UR 4671, Aix-Marseille Université) et Mélis C. (ECP, EA 4571, Université de Lyon 2)
Dans le cadre du symposium, notre proposition s’ancre dans le champ de l’enseignement des arts plastiques. Nous montrerons comment par et avec les activités en AP, l’élève est mis en position de se construire comme individu. Notre contribution s’articulera en deux temps :
1. La construction de soi par l’activité artistique.
En nous référant explicitement aux prescriptions en arts plastiques et au regard du schéma didactique selon Brousseau (1990), nous exposerons en quoi le faire occupe une place centrale dans la construction de l’activité pour les élèves (Vieaux, 2022). Les arts plastiques permettent d’apprendre par l’expérience (Dewey, 2010 ; Espinassy & Terrien, 2018). Ce rôle central donné à la praxis de l’élève – définie comme « articulation entre le faire et le dire, selon une conception de « pratique-théorie » » (Pélissier, 2005, p. 4) – engage à la diversité, à l’expérimentation, aux tâtonnements, contribuant ainsi à la construction identitaire des élèves. Ces derniers, en se confrontant à des possibles et à des chemins de traverse, développent leur capacité d’agir tout en s’ouvrant à autrui. Ainsi c’est par l’activité artistique, le making tel que défini par Ingold (Chabanne, 2022) que les élèves sont mis en positon d’acteurs afin de co-naître à l’art (Ardouin, 1998) et de construire leurs outils pour percevoir le monde.
2. La construction de soi avec l’activité artistique
Nous montrerons comment la dimension expérientielle d’une pratique valorisant en AP « l’attitude prospective par rapport au comportement résolutif » (Gaillot, 1997, p. 102) a pu, dans le cadre d’une intervention-recherche (Bonnemain, 2019) reliant un collectif de professeurs d’arts plastiques à un collectif interdisciplinaire, infléchir les modalités de conduite de l’étude d’une équipe enseignante engagée dans un programme d’action culturelle – le dispositif Lycéens et apprentis au cinéma (DLAC).
En instaurant dans l’écologie de la classe, lors de séances visant à saisir la complexité des enjeux créatifs et culturels de l’œuvre filmique, un rapport au monde matériel et symbolique singulier prenant appui sur une activité de la parole appréhendée comme une praxis langagière revisitant les opérations de topogenèse (Sensevy & Mercier, 2007) et les rapports de place habituels (Moussi, 2016), l’équipe interdisciplinaire engage les élèves dans une activité discursive donnant plus d’ampleur qu’à l’accoutumée à la parole de chacun.
Ce faisant, les jeux de transfert ainsi institués entre les principes didactiques propres à l’enseignement des arts plastiques et les modalités d’un travail interdisciplinaires dédié à l’analyse filmique invitent chaque élève à « entrer dans toutes les situations et pratiques sociales non didactiques comme sujet majeur et non en tant qu’élève » (Brousseau, 1988, p. 323).
7. Le rôle de l‘enseignement des arts plastiques dans l’apprentissage fondamental du respect d’autrui : étude d’un dispositif d’éducation expérientielle de type « tinkering » : Brissaud, J. (ADEF-GCAF, UR 4671, Aix-Marseille Université), Tortochot, E. (ADEF-GCAF, UR 4671, Aix-Marseille Université)
La recherche présentée questionne le rôle singulier des arts plastiques dans les apprentissages fondamentaux. Elle a pour but d’établir une corrélation entre cet enseignement artistique et toute activité de type « tinkering » (Bianchi & Chippindall, 2018, p. 4), l’autorégulation (Doly, 2006 ; Nader-Grosbois, 2007). Elle questionne la place des arts dans la démarche interdisciplinaire STEAM (Science, Technology, Engineering, Arts, Mathematics) (MacDonald, 2020). Quant au développement du respect d’autrui (Marpeau, 2013 ; Plante, 2013), le ministère de l’Éducation nationale (MENJS, 2020) le considère comme un savoir fondamental au même titre que le triptyque lire, écrire et compter. L’hypothèse retenue est que l’éducation artistique pourrait « développer des compétences qui permettraient à chacun de s’ouvrir et de s’intégrer au monde » (Rezzi & al., 2021, p. 21).
Plusieurs expérimentations ont été mises en place pour vérifier cette hypothèse. Elles s’appuient sur le projet de recherche « Kits sciences et technologies », en collaboration avec une designer et en lien avec le laboratoire de sciences de l’éducation UR 4671 ADEF (Apprentissage, Didactique, Évaluation, Formation) et le laboratoire UMR 7345 PIIM (Physique des Interactions Ioniques et Moléculaires). Le projet est financé par le pôle Ampiric dans le cadre du CreativLab. Il s’appuie sur un partenariat avec une entreprise, Kuti Kuti qui propose des kits pédagogiques de type STEAM. Le projet « Kits sciences et technologies » propose une approche pluridisciplinaire de l’apprentissage du raisonnement et du vivre ensemble (respect d’autrui) en mobilisant les compétences et habiletés métacognitives (Bûchel & Paour, 2005) de créativité (autorégulation entre autres) et d’innovation chez l’élève.
Les résultats présentés s’appuient sur l’analyse partielle d’une vingtaine d’heures de vidéos réalisées dans deux classes de deux écoles dont l’une est située en REP+ (CE2-CM1) et l’autre dans un quartier populaire (CE1-CE2). L’analyse est structurée par des indicateurs identifiés dans les travaux sur le vivre ensemble et sur la métacognition, dont l’autorégulation (Nader-Grosbois, 2007). Les premiers constats montrent comment les élèves régulent leur activité créative et innovante de manière autonome ou non, comment ils gèrent les coopérations ou non et ce qu’ils apprennent sur la façon d’apprendre dans une situation de type « tinkering ».
8. Le tutorat dans les enseignements artistiques, outil de développement artistique, professionnel et personnel des tuteurs et des tutorés : Baugnies, M. (ADEF-GCAF, UR 4671, Aix-Marseille Université)
Selon Jean-Marie Barbier (2021), « Tous les métiers relevant du champ de l’humain sont identifiables par l’organisation sociale d’interactions ou par l’émergence d’interactivités ayant une incidence sur les transformations d’autrui » (p.28). Le tutorat, « outil d’intégration et de transfert de compétences » (Frédy-Planchot, 2007, p.23) en entreprise, permettant de « contribuer à l’acquisition de connaissances, de compétences et d’aptitudes professionnelles » comme le stipule la loi du 4 mai 2004 (Frédy-Planchot, 2007 p.24) participe à cette dynamique d’interactions et de transformation. Nous nous pencherons sur les activités de tutorat menées par des étudiants en première année d’école de parfumerie auprès d’élèves de seconde et de sixième dans le cadre d’ateliers de création d’arômes de fraises dans le cluster de Grasse, capitale mondiale du parfum (Marshall, 1890, 2013 ; Rasse, 2016 ; Rosatti-Marzetti in Benalloul et al., 2015). Si pour les plus jeunes, les ateliers ont permis de découvrir une facette des métiers de la parfumerie et de la création d’arômes dans le cadre des enseignements artistiques et exploratoires du parcours avenir via la transmission par leurs aînés des gestes scientifiques, techniques et créatifs liés à la création d’un arôme (Baugnies, 2020, sous presse), pour les aînés, ils ont engendré des effets-tuteurs (Baudrit, 2007) génériques (présents dans la littérature scientifique) et spécifiques (propres aux enseignements dispensés). Parmi eux, nous distinguons notamment l’acquisition anticipée de compétences, la prise de conscience de cluster grassois et des savoirs qui y sont « enracinés » (Leszczyńska et Khachlouf, 2016), l’entrée dans la communauté grassoise, l’importance de la transmission, le sentiment de contribuer à la communauté, l’importance de l’aspect créatif et le développement d’une oralité propre au métier de parfumeur-aromaticien (Baugnies, 2020, sous presse). Ces effets-tuteurs démontrent le développement de compétences professionnelles et humaines nécessaires aux fonctions, notamment d’encadrement et de tutorat, que les tuteurs exerceront au cours de leur carrière.
9. L’enseignement de design social pour le développement de compétences transformatives ? : Roy, E. (ADEF-GCAF, UR 4671, Aix-Marseille Université).
Le design social est une approche du design qui se concentre sur la création de solutions pour résoudre les problèmes sociaux et environnementaux (Le Bœuf, 2015 ; Manzini, 2015). Il vise à améliorer la qualité de vie des usagers en utilisant des méthodes de création-conception centrées sur l’humain, en encourageant la participation et la collaboration des parties prenantes, et en adoptant une perspective systémique qui prend en compte les interconnexions entre les différents aspects d’un problème donné (Catoir-Brisson et Royer, 2017). Les « compétences transformatives » sont un ensemble de compétences clés identifiées par l’OCDE (2018, 2019) pour répondre aux défis du 21ème siècle. Elles comprennent la créativité, la pensée critique, la résolution de problèmes, la communication, la collaboration, la citoyenneté mondiale et la conscience interculturelle. Ces compétences sont considérées comme essentielles pour permettre aux individus de s’adapter et de prospérer dans un monde en constante évolution, tout en contribuant à construire un avenir plus durable et équitable. Nous faisons l’hypothèse qu’un enseignement de design social peut développer certaines compétences transformatives chez les apprenants, en les impliquant notamment dans des projets concrets de résolution de problèmes sociaux et environnementaux (Moineau et al., 2022 ; Tortochot et Didier, 2021).
Les étudiants de design en master design innovation société mènent des projets d’innovation sociale par le design et développent des méthodes qui impliquent la participation des usagers dans le processus de création. Ils collaborent avec des partenaires de l’action publique, du secteur médico-social, associatif, du développement territorial ou de la culture. La visée du dispositif dont il est question dans cette étude est le développement de compétences de création-conception (telles que la modélisation, la gestion de projet, le prototypage, la recherche usager…) mais aussi de compétences humaines nécessaires pour interagir efficacement avec les autres, de comprendre leurs besoins et leurs perspectives, et de collaborer avec eux pour atteindre des buts communs (Moineau et Tortochot, 2023). L’objectif de cette communication est d’identifier et de caractériser les compétences manifestées par l’étudiant, de comprendre comment elles sont perçues et in fine de les confronter aux compétences transformatives mentionnées par l’OCDE. La méthodologie repose sur des entretiens semi-directifs auprès de 4 groupes d’étudiants qui ont pris pour supports les états successifs de représentation. Les résultats montrent une grande sensibilité des étudiants à la conception responsable et durable (1), à la médiation et à l’empathie (2) et à la collaboration (3) et s’inscrivent comme une réponse aux compétences transformatives pour l’éducation du 21ème siècle.
jeudi 21 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle V20
Entité de recherche organisatrice
Equipe de recherche VCR, Vulnérabilité, Capabilité, Rétablissement de l’École de Psychologues Praticiens de l’Institut Catholique de Paris
École de Psychologues Praticiens de l’Institut Catholique de Paris. 23 rue du Montparnasse 75006 Paris
PLANTADE-GIPCH Anne
La période de vie du jeune adulte est déterminante du point de vue de la construction identitaire. Cette étape de vie est caractérisée par la transition vers l’enseignement supérieur pour certains, le début de l’activité professionnelle pour d’autres, ainsi que l’amorce de relations amoureuses plus durables. Dans la construction de soi, un fragile équilibre est à trouver entre la nécessité d’être en proximité avec autrui et l’indépendance, la capacité à prendre soi de soi-même. En ce qui concerne ce dernier point, les adultes émergents rapportent un niveau de stress et de mal-être inquiétant, qui s’être accru à la faveur du COVID et des problématiques environnementales. Dans une étude portant sur 360 jeunes adultes, âgé de 21 ans en moyenne, durant la pandémie, la régulation émotionnelle, l’affirmation de soi et les styles d’attachement contribuaient à expliquer le bien-être. Plusieurs programmes, visant notamment à développer la pleine conscience, la réévaluation cognitive et l’affirmation pourraient être proposés à ces jeunes pour soutenir un mieux-être. Dans une autre étude portant sur les incidences psychiques de la pandémie, notamment chez 300 jeunes adultes algériens, les résultats indiquaient que 41.7% des participants confinés présentaient une détresse péri-traumatique, et 70,9% des participants présentaient un niveau significatif de dissociation. La pandémie a donc clairement eu un impact psychique sur cette population, d’où l’intérêt de proposer une prise en charge aux adultes émergents les plus vulnérables, afin de prévenir le risque de développer des troubles psychiques ultérieurement dans la vie. Christian Heslon est professeur de l’enseignement supérieur en psychologie et directeur de l’École de Psychologues Praticiens de l’Institut Catholique de Paris. Il est également chercheur permanent INETOP- Psychologie de l’orientation au Centre de Recherche sur le Travail et le Développement (CNAM-Paris). Il a été Directeur des Services aux Étudiants de l’UCO Angers et fait partie de différents conseils scientifiques dont celui du réseau UNESCO-UNITWIN Life-designing Interventions for Decent Work. Anne Plantade-Gipch est maître de conférences à l’École de Psychologues Praticiens de l’Institut Catholique de Paris, directrice des enseignements et de la vie étudiante et membre de l’équipe de recherche Vulnérabilité, Capabilité, Rétablissement (VCR). Elle est également professeur associé au département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal et chercheur associé au laboratoire Adaptation, Mesure et Évaluation en Santé de l’Université de Lorraine. Slimane Djilali est maitre de conférences-HDR au département de psychologie de la Faculté de Sciences Humaines et Sociales de l’Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, Algérie. Il mène un projet de recherche sur la thématique de l’attachement au thérapeute à l’École de Psychologues Praticiens de l’Institut Catholique de Paris, en collaboration avec l’Institut universitaire de psychothérapie de l’Université de Lausanne en Suisse.
jeudi 21 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle W10
Entité de recherche organisatrice
Laboratoire ECP, 86 rue Pasteur, 69007 LYON Directeur du laboratoire : Stéphane SIMONIAN (co-responsable du symposium) Stephane.simonian@univ-lyon2.fr
GIPAL Formation, 50 Cr de la République, 69100 Villeurbanne, Christel.toutaille@gs.ac-lyon.fr
DUMAS REYSSIER Stéphanie SIMONIAN Stéphane
Les recherches sur l’activité humaine et sur l’action humaine visent
l’intelligibilité du rapport dynamique entre l’acteur et son contexte,
en plaçant l’acteur comme l’auteur de ce qui est significatif pour lui,
en fonction de ses intentions et de ses capacités. Une telle
orientation suppose que la relation acteur-contexte, appelée «
environnement », est soumise à un processus cognitif, sans considérer
l’environnement uniquement comme strictement producteur de patterns
d’informations, c’est-à-dire comme un contenu où se trouvent des
propriétés de structuration de l’environnement (Turvey, 1992). De ce
point de vue, la relation dynamique entre un acteur et un contexte ne
peut être écologiquement résolu, excepté si nous considérons ces deux
approches comme compatibles et co-dépendantes, sans présumer que le
processus de signification guide la relation à l’environnement ou que
l’environnement produit la signification (Simonian, 2022,). Le
processus de signification se produit en même temps que la perception de
patterns d’information, plus ou moins conscientisés. Il est alors
question de « couplages » pour comprendre la relation sujet-environnement,
sujet-artefact-environnement, sujet-sujet-environnement, etc. Dans
cette relation, un des enjeux est de permettre à un être vivant d’agir
pour se développer, d’apprendre – de, sur et par – son environnement.
Au sein d’une activité humaine, tout couplage possède des propriétés
particulières (culturelles, relationnelles organisationnelles,
réglementaires, etc). Ces propriétésinfluenceraient la
perception des possibilités offertes par un environnement. En ce sens,
l’activité est dite située (Barbier et Durand, 2003 ; Albero et Guérin,
2014), impliquant l’étude des relations qu’entretiennent des sujets
avec leur environnement et de l’influence que produisent ces relations
pouvant transformer (ou non) certaines propriétés de l’environnement et
des entités s’y développant. L’approche écologique et phénoménologique
de l’affordance offre une orientation scientifique heuristique
permettant d’étudier ce qui permet ces relations (les
conditions
et les raisons) et ce que produit ces relations
(transformations). La théorie de l’affordance, telle qu’initialement proposée par Gibson (1979), n’a cessé d’évoluer, intégrant au fil du temps des spécificités humaines : capacités des sujets (Turvey, 1992),
intentions(Stroeffegen, 2003), socio-culture (Morgagni, 2011 ;
Simonian, 2022), motivations (Zhang, 2008 ; Deterding, 2011),
cognition distribuée (Philipette et Fastrez, 2013). Dans le cadre de ce
symposium, une attention particulière est donnée aux cadres conceptuels
et méthodologiques appréhendant les relations et transformations
conjointes du couplage sujets-activité- environnement.
Les contributions de ce symposium montrent l’intérêt de le mobiliser
pour analyser les processus relationnelsentre le sujet et son
environnement d’apprentissage ou professionnel, ce qu’il permet de
comprendre en termes de processus de transformationde
l’activité humaine (propriétés, invariants, etc.) la manière de se
saisir de ces processus relationnels et/ou transformationnels (méthodes).
14h-14h15 : Ouverture du symposium (Stéphanie Dumas Reyssier, MCF et
Stéphane Simonian, PU, ECP, Université Lyon 2)
14h15-14h45 :
« L’étude des affordances socio-culturelles comme analyseur des
transformations de l’activité du formateur dans les formations
médiatisées d’adultes »
(Melpomeni Papadopoulou, MCF, EES, université de Tours)
14h45-15h15 :
« Entretien de recherche, dispositif de formation et affordances :
ce que la recherche contribue à transformer »
(Nathalie Lavielle-Gutnik, MCF et Maël Loquais, MCF, Lisec, Université
de Lorraine)
15h15-16h45 :
« Lire l’activité d’enseignement-apprentissage à travers le prisme
des affordances »
(Marie Valorge, doctorante, ECP, Université Lyon2)
16h45-17h15 :
« Introduction d’une plateforme en ligne dans l’activité du
formateur : nouveaux possibles pour faire face aux contradictions »
(Christel Touraille, doctorante, ECP, Université Lyon 2)
17h15-17h30 : Clôture du symposium (Jérôme Guérin, PU, CREAD,
Université de Bretagne occidentale)
(Melpomeni Papadopoulou, MCF, EES, université de Tours)
Mots-clés : Affordance, transformation, activité,
formation à distance, formation hybride Résumé:
L’objectif de l’étude est d’identifier les variables sous-jacentes aux
manipulations des objets techniques par les formateurs dans des
dispositifs hybrides et/ou à distance. Cela permettra de mesurer les
transformations effectuées dans leur activité et tendre vers les
processus de coordination. La présente recherche contribue à l’étude
des affordances socioculturelles des objets techniques dans le contexte
des formations à distance d’adultes.
Les affordances sont les possibilités d’action d’un sujet (dans notre
étude des formateurs) sur un objet, dans un environnement qui les rend
possibles (Simonian, 2022). De ce fait, l’affordance peut être définie
comme une opportunité d’action qui détermine ce qui peut être fait
(Stoffregen, 2003). Or, cette opportunité d’action ne peut être perçue
que si le formateur, par son expérience, a sélectionné les actions
opportunes. L’émergence de la perception de l’affordance provient alors
de l’expérience que le formateur fait de l’environnement (Luyat &
Regia-Corte, 2009, p. 311).
En ce sens, le comportement final du formateur est le résultat de la
conjonction des affordances et intentions complémentaires (Stoffregen,
2003). « Parmi l’assortiment très large des comportements possibles, les intentions sélectionnent ceux qui
seront essayés » (Luyat & Regia-Corte, 2009, p. 326).
Conséquemment, pour définir le comportement il est nécessaire de «
déterminer quelles intentions seront prises en compte » (p. 325) par
les formateurs à partir de leurs choix basés, entre autres, sur leurs
expériences.
De ce fait, les affordances socioculturelles permettent d’étudier la capacité d’un individu à utiliser les possibilités offertes par son
environnement pour manipuler les objets et se développer (Simonian,
2014). Plus précisément, elles permettent d’« identifier des usages
homogènes à partir d’une expérience située » (Simonian, Quintin, &
Urbanski, 2016, p. 70) pour une construction d’une signification
commune.
Notre recherche empirique souhaite ainsi répondre à la question
suivante : Comment s’articulent les intentions (sens) des formateurs sur
l’utilisation des objets techniques dans une formation à distance et la
perception des potentialités de cet environnement (affordance) par ces
mêmes formateurs ?
La recherche est basée sur l’approche écologique (Ernst Haeckel,
1834-1919) à partir d’une étude de cas. De ce fait, elle est organisée
en quatre niveaux. Dans un premier temps, nous analysons les conditions
de départ concernant un dispositif de FOAD de l’enseignement supérieur.
Nous analysons, ensuite, les actions entreprises par la responsable et
formatrice en matière des objets techniques dans l’environnement en
ligne. Dans un troisième temps, nous effectuons un entretien
semi-directif (Kaufmann, 2016) pour déterminer les buts fonctionnels qui
l’ont conduite aux usages spécifiques des objets techniques. Enfin,
nous analysons les connaissances que la formatrice avait sur les
propriétés des artefacts et son appréciation.
L’analyse et interprétation des données permettent de repérer plusieurs
variables regroupées sous les catégories suivantes :
politiques/institutionnelles, culturelles, historiques, sociales,
situationnelles et techniques.
(Nathalie Lavielle-Gutnik, MCF et Maël Loquais, MCF, Lisec, Université de Lorraine)
Mots clés : affordance, entretien, éthique, formation,
émancipation
Résumé : Le concept d’affordance permet d’éclairer «
pour quelles raisons et dans quelles conditions un sujet (ou un groupe
social) perçoit ou non un artefact avant même d’en faire un instrument
en situation réelle » (Simonian, 2020, p. 94). Il invite à considérer
les conditions suivant lesquelles un sujet apprenant perçoit, dans sa
situation, des possibilités de choix. Maël Loquais a abordé dans ses
travaux le concept d’affordance en insistant sur sa dimension éthique et
en montrant que l’environnement affordant ne se réduit pas à
l’environnement de formation mais comprend toutes les ressources
disponibles pour un sujet situé (qu’elles relèvent de la formation, de
son environnement familial, etc.), notamment lorsque l’on étudie les
parcours d’insertion (Loquais, à paraître).
Nous souhaiterions, dans le cadre de cette communication, traiter des
liens et tensions entre deux types d’environnements affordants :
l’entretien de recherche et le dispositif de formation. En effet,
l’entretien de recherche peut constituer un vecteur d’affordances à
certaines conditions (Albéro et Simonian, 2020). Ce concept permet
ainsi d’éclairer les rapports entre dispositif de recherche et
dispositif de formation lorsque l’objet concerne la formation des
apprenants. Or, la dimension affordante du dispositif de recherche
vient questionner la responsabilité du chercheur dans la production des
résultats sur la dimension affordante d’autres environnements comme
l’environnement de formation. Cela questionne également le
positionnement épistémologique du chercheur : dans quelle mesure le
sujet est- il capable de percevoir les possibles de son environnement ? Dans une
perspective compréhensive, jusqu’à quel point le chercheur a-t-il
légitimité à définir des limites à cette capacité du sujet de percevoir
les possibles de son environnement ? Enfin, considérer le sujet capable
de saisir les enjeux qui le concernent a des implications
éthico-politiques qu’il s’agit d’interroger du côté des conditions d’une
recherche à visée émancipatrice (Marcel et Broussal, 2017).
Cette contribution s’appuiera sur des données de recherche menées sur
le terrain des écoles de la deuxième chance. données issues d’un
travail de thèse sur l’engagement dans un parcours d’insertion (Loquais,
2016), d’autre part, sur des entretiens menés dans le cadre d’une
recherche action commanditée par le réseau des écoles de la deuxième
chance au Lisec et dirigée par Nathalie Laville- Gutnik.
(Marie Valorge, doctorante, ECP, Université Lyon2)
Mots clés : Pensée informatique – École primaire –
Analyse de l’activité – Interfaces humain-machine – Approche écologique
du développement – Affordance
Résumé : Pour l’espace d’échange relatif à la
description d’une activité d’enseignement- apprentissage à partir des
interrelations entre ses composantes qu’offre le symposium, nous
proposons de présenter les apports de notre analyse de l’activité
conduite à travers le prisme des affordances pour en relever un angle
mort puis discuter une perspective de recherche qui réponde à cette
limite. La programmation informatique est apparue comme enseignement
transversal dans les programmes scolaires français en 2015. Elle vise
pour les élèves l’acquisition d’une pensée informatique, soit
la pratique de techniques impliquant le développement de compétences
plus générales liées à la résolution de problèmes ou la démarche
scientifique. Par rapport à nos observations, des scénarios
pédagogiques conçus collectivement par des enseignant·es ont été mis en
œuvre dans 6 classes de CP et CE1 au moyen de technologies (robots
scolaires et autres supports pédagogiques) et d’un ensemble
d’interactions verbales (conduites avec les élèves et entre les élèves
réunis en petits groupes de travail autonomes).
Pour étudier l’activité des élèves de manière compréhensive, nous avons
mobilisé l’approche de l’ergonomie de l’activité (Leplat, 2014 ;
Rabardel et al., 2010 ; Rabardel, 1995 ; Hubault, 1995) ainsi
que la perspective écologique, où les concepts de
prélèvement de l’information
et d’affordanceproposent de lire et comprendre l’activité des
enfants (E.Gibson et Pick, 2000 ; J.Gibson et E.Gibson, 1995) à partir
de leurs interactions aux composantes de l’environnement, symboliques
(Rizzo et al., 2009 ; Rizzo, 2006 ; Tomasello, 1999) ou
matérielles (Norman, 2013 et 1999 ; Vicente et Rasmussen, 1990 et 1992
; Gaver, 1991). Appuyée sur cette articulation théorique et
méthodologique, notre
analyse de l’activité à partir de la tâche et du point de vue des
affordances
vise à décrire conjointement les contributions des élèves et celle des
environnements d’apprentissage sociotechniques (Albero, 2010) aux
processus de découverte qui soutiennent l’activité des écolier·es
(Morineau et al., 2009, Morineau, 2010 et 2011). En termes de
didactique, il s’agit de confronter l’analyse de tâches scolaires,
prescrites par les enseignants en relation à des directives
institutionnelles, à l’activité des élèves, qui élaborent des
connaissances par son effectuation (Ginestié et Tricot, 2013).
D’une part, notre étude met en évidence des interrelations entre les
prescriptions institutionnelle relatives à l’informatique à l’école
élémentaire et son enseignement tel qu’il est redéfini par les
enseignant·es : les prescriptions cadrent les objectifs et mises en
œuvre des enseignant·es, en lien à la résolution de problèmes et la
découverte de méthodes scientifiques, notamment ; inversement, les enseignant·es paraissent
autorisé·es à redéfinir l’enseignement de l’informatique comme moyen
d’appropriation de la forme scolaire viala pratique des
langages, peut-être grâce aux imprécisions de la documentation
institutionnelle (Vandevelde et Fluckiger, 2020). D’autre part,
l’analyse de l’activité des écolier·es à travers le prisme des
affordances révèle les opportunités et les contraintes des
environnements d’apprentissage redéfinis par les enseignant·es :
notamment, le partage des tâches au sein des groupes de travail est une
affordance des environnements d’apprentissage, prescrit sous la forme
d’un partage des rôles en CP, se définissant spontanément et
progressivement dans les groupes de CE1, incluant parfois les élèves
des autres groupes de travail ; mais il entrave aussi l’activité de
découverte des élèves, alors que certains groupes se disputent les
prises de décision pour la programmation des robots scolaires ou que les
élèves ne semblent pas en capacité de communiquer sur les objectifs à
atteindre pour établir des stratégies de résolution de problèmes
communes efficaces.
Relativement aux lecture et compréhension des interrelations qui
structurent une activité d’enseignement-apprentissage, les implications
de l’activité des écolier·es sur la redéfinition des objectifs et mises
en œuvre de l’initiation à l’informatique par les enseignant·es est un
angle mort de nos analyses. Pour répondre à cette limite de notre étude
par une nouvelle recherche qui mobilise le même corpus de données, il
pourrait s’agir d’appliquer notre procédure d’analyse de l’activité des
écolier·es à une analyse de l’activité enseignante, soit en trois
étapes (Simonian, 2020) :
1. Définir les possibilités d’agir offertes par l’activité des
élèves, alors décrite en tant que composantes de l’environnement ;
2. Relever l’actualisation de ces possibilités ainsi que les
conditions de cette actualisation dans l’activité réelle des
enseignant·es ;
3. Relever les effets de cette actualisation sur les pratiques
enseignantes comme sur l’activité des élèves.
(Christel Touraille, doctorante, ECP, Université Lyon 2)
Mots clés : activité, contradiction, affordance,
invariants, possibilités
Résumé : Cette communication propose de montrer les
raisons de la transformation de l’activité d’un sujet lorsqu’il entre en
relation avec un nouvel artefact de son environnement dans une situation
de travail. Inscrit dans l’approche de la théorie de l’activité, le
modèle holistique de Engeström (1987) permet de cartographier
l’activité grâce à une représentation schématique de ses composants
selon six pôles. Le pôle sujet, point de vue adopté pour décrire
l’activité qui est orientée vers un pôle objet en visant un résultat.
Le pôle artefacts, construits humains artificiels, matériels ou
symboliques, rassemble les instruments utilisés comme médiateurs pour
agir. Les trois derniers pôles prennent plus particulièrement en compte
“autrui” à travers les dimensions socio-culturelles de l’activité
inscrites dans l’environnement : les règles, la communauté, la
division du travail. L’enjeu est d’identifier les relations entre les
composants et les éventuelles transformations par lesquelles le sujet
(re)construit ses relations dans le couplage
sujet-environnement-artefact-situation (Albero, 2010 ; Strachan, 2012 ;
Albero et Brassac, 2013 ; Simonian, 2014). L’un des intérêts de la
théorie de Engeström est de dégager des contradictions, tensions
systémiques au sein d’une activité (Engeström, 1987), « terreau » dans lequel s’enracinent les
perturbations sociales, culturelles, organisationnelles et structurelles
mais aussi dans lequel se cultivent les leviers de transformations durables
(Engeström, 2008, p. 382). Plus précisément, ce serait la recherche de
dépassement de ces contradictions par le sujet qui l’amènerait à percevoir
de nouveaux possibles dans l’environnement afin de répondre à son besoin de
réduire les tensions. Quels possibles perçoit-il ? Comment ? De par son
appartenance à un environnement socio-culturel, les propriétés d’un
artefact sont plus ou moins signifiantes pour l’activité du sujet
(Simonian, 2022). Ainsi, au moment du couplage, il perçoit un certain
nombre de possibles en lien avec son activité (prescrit, aux règles et
normes du métier, à la division du travail), qu’il actualise ou non en
fonction de son besoin. Cependant, les affordances qu’il saisit peuvent
aussi être liées à des dimensions plus personnelles au sujet : ses
capacités (Turvey, 1992), son intention (Stoffregen, 2003), ses motifs qui déclenchent l’activité (Léontiev, 1976) ou à des dimensions nouvelles, des propriétés naissant du couplage qui n’existent pas dans le sujet ou dans l’environnement pris séparément.
Le cas des affordances perçues dans l’activité par une formatrice lors de
l’utilisation d’une plateforme en ligne illustre bien ce qu’elle construit
pour dépasser les contradictions de son environnement (manque de travail
d’équipe, manque de formalisation des attendus, éparpillement des séances
de formation dans le calendrier des apprentis…). Cela nous donne accès
aux possibles perçus en lien avec les invariants de son activité (par
exemple, Organiser la communication avec le groupe) et aux nouvelles
affordances nées de l’actualisation de ces possibles, dans le cadre du
couplage formatrice-formation professionnelle plateforme en ligne-espace
type de formation (par exemple, Avoir de la transparence vis à vis de
l’organisme de formation au sujet des travaux à faire réaliser pendant les
plages de formation en autonomie).
Introduction du symposium (Ségolène Le Mouillour et Catherine Nafti) (5 minutes) ___________________________________________________________________________ Communication 1 : « Je ne te lâcherai pas ! » (15 minutes présentation/10 minutes échanges) Marie-Odile PLANCON/Thierry CAMPOS (Collège Saint Philippe à Meudon) Au collège Saint Philippe à Meudon, une majorité d’élèves a rencontré une situation de décrochage : trouble déficitaire de l’attention, difficulté d’apprentissage, intimidation scolaire, phobie, exil, souffrance familiale … Entre cadre explicite et accueil de la difficulté ou de ses manifestations réactionnelles, l’équipe tente sans cesse de garder le lien avec les apprentissages, tout en établissant une relation qui signifie : « je ne te lâcherai pas. » Porte ouverte, charte, entrée par compétences, accompagnement des éducateurs et écoute bienveillante des enseignants, le projet initie un processus qui accepte le tâtonnement, les essais mais garde toujours au cœur de l’action une recherche d’exemplarité et d’accueil de la parole du jeune, même si elle peut déranger. Éduquer à la confiance par la confiance est un pari pour faire grandir des élèves qui mettent à l’épreuve les adultes tout en recherchant la reconnaissance nécessaire pour se confronter à la déstabilisation de tout apprentissage. ___________________________________________________________________________ Transition : 2 minutes ___________________________________________________________________________ Communication 2 : « Le management collaboratif » (15 minutes présentation/10 minutes échanges) Johann CHERDEL/Maria MAILLE/Xavier LE NAOUR (Collège Saint – Louis – Cesson-Sévigné) Le management collaboratif assure la sécurité des intervenants et apprenants dans un système d’apprentissage qui permet à des élèves en situation de décrochage, aux intervenants, de construire du sens et d’accéder aux savoirs ; les apprenants sont censés participer aux projets de l’établissement et à l’élaboration du savoir (vie collégienne, projet pédagogique, vie du site, co évaluation,…) ; les intervenants (par leur pédagogie, didactique, appréhension des besoins des jeunes,…) mesurent les potentiels des jeunes, valorisent leurs compétences et les amènent à travailler sur leurs problématiques afin de construire de nouveaux savoirs. ___________________________________________________________________________ Transition : 2 minutes ___________________________________________________________________________ Communication 3 : « Éduquer à la confiance par la confiance : vers des transformations des pratiques des professionnelles de l’École ». (15 minutes présentation/10 minutes échanges) Ségolène LE MOUILLOUR (Directrice UCO Bretagne Sud – Enseignant chercheur LIRFE UCO) Catherine NAFTI (Vice Doyen Faculté d’éducation de l’UCO – Enseignant chercheur LIRFE UCO) Que signifie aujourd’hui faire société et notamment une « société inclusive » du point de vue de la transformation des pratiques professionnelles au sein des institutions scolaires ? L’ambition portée par les politiques publiques en faveur de l’inclusion dans l’espace scolaire interroge les processus inclusifs en œuvre et ce qui les favorise lorsqu’il s’agit de pratiques professionnelles. Ils impliquent pour ces derniers un changement de paradigme. Cette communication prend appui sur un programme de recherche conduit auprès d’une équipe pédagogique au sein d’un collège pour « jeunes décrocheurs ». À la lumière de l’innovation pédagogique proposée au sein du collège, nous questionnerons le sens et le rapport au savoir (à l’évaluation) des différents acteurs. En quoi ces nouveaux espaces scolaires et pratiques professionnelles associées sont au service d’une pédagogie basée sur la confiance et la réussite de tous (Mezirow, Taylor, 2009) ? Quels impacts sur l’identité professionnelle de ces acteurs et leur pouvoir d’agir collectif (Clot, 2014). ___________________________________________________________________________ Transition : 2 minutes ___________________________________________________________________________ Communication 4 : « Gestion et accompagnement de classes hétérogènes » (15 minutes présentation/10 minutes échanges) Omar HEBBAR (chercheur associé en innovation pédagogique à l’ESAIP) ohebbar@esaip.org + Vincent FROGER (responsable des programmes sciences à l’ESAIP) vfroger@esaip.org Le projet éducatif de l’ESAIP s’est centré dès le départ autour de l’apprenant en s’appuyant sur une vision innovante de la pédagogie. Une pédagogie qui permet à chaque apprenant d’être, d’une part acteur de sa formation ; et d’autre part un levier pour l’excellence collective. Face à l’hétérogénéité « voulue » des profils des apprenants accueillis à l’ESAIP, et dans l’objectif de mener chaque apprenant à la réussite de son projet professionnel et personnel, nous nous sommes positionnés sur un projet pédagogique qui privilégie le travail collaboratif entre les apprenants, notamment à travers la réalisation de multiples projets, et un système d’accompagnement institué. Nous allons revenir dans cet exposé sur les différents leviers qui structure ce dispositif, notamment la différenciation de l’enseignement, l’utilisation d’outils technologiques pour fournir un soutien individualisé aux étudiants, un processus d’évaluation formative pour suivre le progrès des étudiants et ajuster leur enseignement en conséquence, … En fin de présentation, des préconisations sont proposées pour mettre en place une approche inclusive pour l’accompagnement d’étudiants de niveaux hétérogènes. ___________________________________________________________________________ Transition : 2 minutes ___________________________________________________________________________ Communication 5 : « L’accompagnement de l’orientation dans les collèges et les lycées : un réel levier d’égalité des chances » (15 minutes présentation/10 minutes échanges) Redouane DJELOUAH (directeur du campus ouest à l’ESAIP) rdjelouah@esaip.org L’orientation scolaire et professionnelle est une étape cruciale dans la vie d’un individu, elle détermine souvent les choix de formation et de carrière. Pourtant, pour de nombreux jeunes, cette étape peut être source d’anxiété, de confusion et de découragement. L’accompagnement à l’orientation permet d’aider les jeunes à identifier leurs intérêts, leurs compétences et leurs aspirations. L’accompagnement à l’orientation joue également un rôle important dans la lutte contre l’autocensure des jeunes issus de milieux défavorisés et des jeunes issus de filières techniques. Dans cette présentation, un retour d’expérience sur le dispositif « cordées de la réussite » mis en place par l’ESAIP, école d’ingénieurs à Angers, en partenariat avec un collège et deux lycées du territoire. Ce dispositif a pour objectif d’amener l’élève à élaborer, jalon après jalon, son parcours vers la poursuite d’études dans l’enseignement supérieur ou vers l’insertion professionnelle. Il propose plusieurs actions en fonction du public concerné : Nous détaillerons ces différentes actions et l’importance des étudiants mobilisés sur ce dispositif auprès des élèves des collèges et des lycées. ___________________________________________________________________________Échanges avec les participants au symposium Le travail du chercheur-intervenant en Sciences de l’Education et de la Formation se construit dans les rapports avec autrui, avec soi-même et avec les organisations dans lesquelles il intervient. Il se réalise dans et par la transformation d’autrui et de soi-même au cours de l’intervention-recherche. Ce symposium vise à dévoiler « l’arrière-cuisine » quant aux registres délibératifs, décisionnels, actionnels de ces projets collectifs dans lesquels des chercheurs mettent au travail leur identité et leur posture de chercheur-intervenant, leurs objets et finalités de recherche, dans des transactions pour et par les acteurs et les organisations avec lesquelles ils travaillent, dans une perspective de transformations (apprentissages, évolutions des compétences, transformation des organisation). Ce sont ces relations entre la part de soi du chercheur et celles des autruis et des organisations avec lesquels et pour lesquels il intervient que nous questionnons ici, pour mieux les comprendre au bénéfice du travail du chercheur-intervenant et de la construction des compétences d’intervenant chercheur. En quoi, les co-constructions propres aux recherches dites « de terrain » sont-elles facteurs de questionnements et de transformation ? Pour les acteurs impliqués ? Pour la recherche ? Dans quels sens et significations ? En prenant appui sur des recherches « participantes » ou encore des recherches-action ou des recherches coopératives menées par les chercheurs et chercheuses de ce symposium, trois entrées sont proposées pour chacune des contributions: (1) Les modes d’implication des praticiens chercheurs non professionnels et des chercheurs professionnels dans les recherches menées en co-construction. Il s’agira de porter l’analyse sur les transformations en actes pendant et au terme de la recherche. De la construction de projets de recherche participatifs à la production des résultats, il conviendra d’interroger les pratiques des interactionnelles entre professionnels, chercheurs et autres partenaires de la recherche, sur les modes de problématisation et d’évaluation des actions ou encore sur la fonction de la restitution dans les processus de recherche-action. (2) Les processus apprenants au cœur de l’activité de recherche. En quoi les pratiques de recherche de terrain sont-elles vectrices de transformations de soi et de son rapport au monde et à autrui ? L’accent sera mis ici sur les transformations conjointes des conceptions du métier de chercheur et des pratiques de terrains investiguées : quels processus apprenants sont attendus, observés ? Quels rapports avec l’élaboration des communs (part de soi, part d’autrui). (3) Les modèles de conception de la recherche propres aux sciences de la formation et la question des transformations Quelles proximités et quelles fécondations croisées possibles des modalités de recherche avec les modèles d’analyse de l’expérience, de l’activité, de la formation ? Quels points critiques ? Le symposium sera organisé en 3 temps, suivi chacun d’un débat. Ceci pourra nous mener ensuite à une publication portant sur les problématiques de la recheche en sciences de l’éducation et de la formation et ses effets transformateurs pour le chercheur et sur le terrain 14h00-14h30 : Dimiti Noël, Nathalie Lavielle Gutnik : Pratiques de coopération et co-construction dans la recherche pour quels résultats attendus et quels résultats obtenus : le cas de transtion pro ? 14h30-15h00 : Magali Roux, Aline Waltzing, Emmanuelle Ebel-Jost Confrontation des positionnements et construction des identités : le cas d’un réseau pluridisciplinaire de chercheurs et de professionnels de l’entrepreneuriat Pause 10mn 15h10 -15h40 : Elzbieta Sanojca, Jérome Eneau Rechercher et construire des communs :Les expériences et expérimentations en mode coopératif : quels enseignements ? 15h40-16h10 : Emmanuel Triby, Isabelle Houot La recherche en formation des adultes ? Quels fondements pour une approche critique de ses évolutions et transformations ? 16h10-16h30 : débat Animation : Maêl Loquais Pour certains chercheurs notamment Dubet (2004) et Goudeau (2020), l’égalité des chances, l’ascenseur social, la méritocratie qui alimentèrent le mythe de l’école républicaine ne seraient que des croyances ! Les conséquences de cet échec de l’école sont diverses et diversifiées : le décrochage, sentiment d’exclusion, l’expérience de marginalisation, de honte, de souffrance et humiliation, etc., de sorte que certains jeunes ne font plus confiance à l’école. Face à cette situation, comment est-il possible de corriger les inégalités existantes en éducation ? Dans ce symposium, les chercheurs et professionnels dans le domaine de l’enseignement, éducation et formation présenteront et analyseront les dispositifs et programmes mis en place au sein de différentes structures éducatives pour lutter contre les inégalités. En d’autres termes, ils tenteront de montrer comment les pratiques des écoles alternatives, les écoles de la seconde chance, les structures spécifiques crées pour accueillir, former et accompagner les jeunes vulnérables les aident à se construire dans le monde en pleine inégalité. Communication N°1 : Accompagnement des mineurs migrants non-accompagnés en France Mutabazi Eric, enseignant-chercheur (MCF), LIRFE et LISEC UCO Angers, emutabaz@uco.fr La France constate depuis 2010 une augmentation du nombre d’arrivées sur son territoire de jeune non accompagnés de leurs familles. Il s’agit des jeunes de moins de 18 ans en provenant de tous les coins du monde et ne possédant pas la nationalité française. Ce sont le plus souvent des garçons, originaires à 95% d’Afrique subsaharienne (Mutabazi et Joly, 2021). Ils se retrouvent en France sans parent pour s’occuper de leur éducation de base, pour garantir de leur sécurité et leur bien-être et pour les aider à se projeter dans l‘avenir. Ils quittent fréquemment des conditions économique, sociale et politique de grande précarité. Nous pouvons notamment évoquer des situations liées au dérèglement familial comme le décès des parents, la guerre à l’intérieur de leurs pays, le travail forcé, la violence sexuelle notamment la mutilation génitale féminines, le trafic des enfants, etc. D’une manière générale, ces jeunes ne choisissent pas eux-mêmes de quitter leurs pays. Ils sont contraints à partir pour sauver leur vie ou sont envoyés de force par leurs familles. Ils arrivent souvent en France par voie détournée notamment par bateau ou avion avec des faux papiers, fausse identité ou d’autre moyens clandestins. Dans cette contribution, nous allons tenter de présenter la situation de ces jeunes et mineurs non accompagnés dès leur arrivée en France. Comment sont-ils accueillis et accompagnés Bailleul et Senovilla (2016) ? En d’autres termes, quelles difficultés rencontrent-ils (Garrigues et Lecorne (2016) ? Quel est l’état de la reconnaissance de leurs droits fondamentaux ? Quel accès à l’éducation et à la formation éducatif et formation leur est proposé ? Quels sont les dispositifs et méthodes d’accompagnement mis en place dans le contexte scolaire et extra-scolaire pour faciliter l’intégration et inclusion scolaire et sociale ? Bibliographie 1. Bailleul, C. et Senovilla Hernandez, D. (2016). « Dans l’intérêt supérieur de qui ? ». Rapport sur l’Enquête sur l’interprétation et l’application de l’article 3 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant dans les mesures prises à l’égard des mineurs isolés étrangers en France : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01337126/document 2. Garrigues, H. et Lecorne, P. (2016). « Mineurs étrangers non accompagnés : la France en porte-à-faux par rapport à ses engagements européens ». Vie sociale et traitements, ERES, N°130, pp.23-29. 3. Mutabazi, E. et Joly P-A. (2021). Les défis de la citoyenneté pour les mineurs migrants non accompagnés en France. In Mutabazi, E. et Wallenhorst, N. Citoyennetés de seconde classe. Lormont, Le Bord de l’eau. Communication N°2 : Accompagner des adultes en situation d’illettrisme dans l’appropriation du savoir lire-écrire : un état des lieux des dispositifs existants. Christelle Chevallier-Gaté, chercheure associée, LIRFE, UCO : cchevallier.gate@gmail.com Jean-Pierre Gaté, chercheur associé, LIRFE, UCO Angers : jeanpierre.gate@gmail.com L’illettrisme désigne la situation d’adultes de plus de 16 ans qui ont été scolarisés en France et qui, malgré cette scolarisation, présentent des difficultés à lire et à écrire, ce qui entrave différentes dimensions de leur vie — professionnelle, personnelle, sociale ou culturelle. Si l’étiologie en la matière est complexe à préciser tant la définition reste large, ses conséquences apparaissent plus nettement : la situation d’illettrisme s’accompagne d’un cortège d’émotions négatives, d’un sentiment d’infériorité pour les personnes concernées, d’une vulnérabilité tant sociale que culturelle (Gaté & Chevallier-Gaté, 2010 ; Chevallier-Gaté & Gaté, 2021). La notion d’illettrisme s’est fait jour en France dans les années 1970 par le biais des actions menées par ATD Quart-Monde. Dans les années 1980 est créé le groupe permanent de lutte contre l’illettrisme (GPLI), un groupe interministériel. Les actions de lutte contre l’illettrisme débutent alors. En 2000, le GPLI est remplacé par l’agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI). Son but est de « fédérer et d’optimiser les moyens de l’État, des collectivités territoriales, des entreprises et de la société civile en matière de lutte contre l’illettrisme. [Cela] s’accompagne d’un effort de valorisation et de diffusion des bonnes pratiques. » (ANLCI, s. d.) D’après la dernière enquête IVQ (information et vie quotidienne), 7 % de la population adulte âgée de 18 à 65 ans ayant été scolarisée en France est en situation d’illettrisme, soit 2 500 000 personnes en métropole (Jonas, 2012). Parmi celles-ci, la moitié a plus de 45 ans. Ce chiffre permet de remettre en cause une idée reçue selon laquelle les jeunes seraient les plus concernés. En fait, avec l’âge et faute de pratique, les difficultés dans le rapport au lire-écrire s’accentuent. Des pratiques pédagogiques ont été pensées eu égard à la problématique spécifique de ces personnes (Chevallier-Gaté, 2021). Sur le terrain, de nombreux acteurs, à l’image des organismes de formation, s’attellent à remédier aux difficultés vécues par les personnes en situation d’illettrisme. Quelles pratiques proposent-ils pour ce faire ? Comment accompagnent-ils des adultes en situation d’apprentissage du lire-écrire, sachant qu’ils gardent le plus souvent un vécu douloureux de l’école ? Dans quelle mesure les dispositifs actuels de lutte contre l’illettrisme permettent de les accompagner dans l’appropriation du savoir lire-écrire et, plus largement, dans leur inclusion sociale ? Références bibliographiques 1. ANLCI. (s. d.). Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme. Consulté 4 avril 2023, à l’adresse http://www.anlci.gouv.fr/ 2. Chevallier-Gaté C., & Gaté, J-P. (2021). Illettrisme et citoyenneté : un état des lieux à travers trois portraits d’adultes en grande difficulté dans le rapport à l’écrit. Dans E. Mutabazi, & N. Wallenhorst (dir.), Citoyennetés de seconde classe (pp. 43-71). Lormont : Editions Le bord de l’eau. 3. Chevallier-Gaté, C. (2021). Une pédagogie de l’explicitation auprès d’adultes : exploration des enjeux de l’explicitation dans la formation d’apprenants en situation d’illettrisme. Chemins de formation (23), 119-134. 4. Gaté, J.-P., & Chevallier-Gaté, C. (2010). Paroles d’illettrés : Ou sortir du « malentendu ». Paris : Editions L’Harmattan (Défi formation). 5. Jonas, N. (2012, décembre 18). Pour les générations les plus récentes, les difficultés des adultes diminuent à l’écrit, mais augmentent en calcul—Insee Première—1426. Insee. https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281410 Communication N°3 : Rapport au savoir et pédagogie de la résonance : un moyen de combattre les inégalités culturelles et sociales à l’université. Catherine Nafti Malherbe, MCF, LIRFE, UCO catherine.nafti-malherbe@uco.fr La massification des étudiants à l’université n’a semble-t-il pas réduit les inégalités. Les étudiants non- héritiers (Bourdieu, Passeron, 1964) ou non-initiés (Charlot, 2017) bénéficient ni des capitaux culturels ni des prédispositions nécessaires pour suivre un cursus long à l’université. Il ne suffit pas d’imposer de manière dogmatique la réussite pour tous à l’université, en se centrant sur l’acquisition des compétences, pour réduire les inégalités culturelles entre les étudiants. Si des sociologues tels que Bourdieu (1970, 1993), Éribon (2018) Lahire (2020) charlot (2001, 2017) ont prouvé dans leurs travaux que les problèmes d’injustice, de reproduction et d’inégalités se perpétuaient tout au long du système éducatif, Rosa (2022) pour y remédier, propose une pédagogie de la résonance. Il s’agit pour ce sociologue d’expliquer qu’il ne peut y avoir de rapport au savoir sans relation au savoir c’est-à-dire sans résonance. Si l’on suit sa thèse, le véritable acte d’apprendre ne peut se faire sans entrer en relation avec le savoir, sans « être touché, sans être affecté, sans être imprégné ». Dans notre communication, en nous appuyant sur la définition du concept de résonance, pédagogique , nous voudrions mettre en avant une expérience que nous avons vécue avec 2 groupes hétérogènes de 150 étudiants première année pour expliquer comment ces étudiants peu enclins à l’écoute, peu réceptifs à la matière, très individualistes, peu respectueux les uns des autres, en restituant en petits groupes leurs stages effectuées dans des écoles maternelle, e sont peu à peu animés, en se confrontant à la sociologie de l’éducation qui soudain faisait résonance en eux. Selon Rosa c’est à ce prix que les inégalités scolaires, universitaires tendront à s’estomper. Ces 2 promotions ont transformé, à un moment donné, l’espace stérile qu’ils subissaient en un espace de résonance, d’imprégnation des savoirs, où tout prenait sens. Quelles sont les conditions particulières requises pour aboutir à une pédagogie de la résonance, à une véritable relation aux savoirs ? Références bibliographiques. 1. Bourdieu, P., Passeron, JC. (1964) les héritiers. Édition de Minuit. 2. Charlot, B. (1997). Rapport au savoir. Esquisse d’une théorie. Armand Colin. 3. Charlot, B. (2017). Rapport au savoir et contradictions de l’apprendre à l’école. Le sujet dans la cité, 8, 239-250. https://doi.org/10.3917/lsdlc.008.0239 4. Rosa, H. (20 22. Pédagogie de la résonance. Le Pommier 5. Rosa, H. (2020). Rendre le monde indisponible. La Découverte. Communication N°4 : Quel accompagnement pour des élèves en situation de difficultés cognitives et sociales ? Analyse d’un dispositif proposé au lycée agricole dans le sud-Ouest de la France. Sandra Cadiou, enseignante-chercheure (MCF), LIRFE, UCO Niort, scadiou@uco.fr L’enseignement agricole est une institution qui historiquement offre des formations professionnelles et techniques en lien avec les métiers de l’agriculture : production, élevage, horticulture, métiers de la mer. Elle a ensuite enrichi sa palette vers les métiers du service, notamment le Bac pro SAPAT. On connait peut-être moins une autre spécificité : la quatrième-troisième agricole. Ces deux années de collège rattachées à des lycées agricoles (ONEA 2010) permettent à des élèves en difficulté le plus souvent de poursuivre leur collège autrement. La population accueillie manifeste des difficultés : cognitives, sociales, qui lui sont propres. Dans le cadre du collège unique, la quatrième-troisième agricole propose un enseignement spécifique (Minassian, 2013), accordant une place plus grandes aux matières techniques et professionnelles et les matières dites générales avec un programme différent du collège général. Ces collégiens passent un brevet des collèges spécifique. Au-delà du cadre des directives administratives et des programmes, les équipes : enseignants, personnel de vie scolaire, chef d’établissement déploient des méthodes, des approches particulières, de façon à proposer une alternative à la forme scolaire habituelle. Le chef d’établissement impulse une forme à la mission éducative dans et hors de la classe (Marcel, 2013). Notre communication se propose d’étudier le cas d’un lycée agricole située dans le sud-ouest et de la façon dont un établissement met en œuvre une formation quatrième-troisième agricole, à partir des questionnaires et des entretiens avec le chef d’établissement, la CPE et les deux professeurs principaux, nous dresserons un constat du projet de cette formation : les difficultés rencontrées et les éléments mis en place pour permettre de les dépasser. Nous nous appuierons sur la catégorisation des dispositifs hors classe pour dresser ce bilan. (Aït-Ali, 2015). Références bibliographiques 1. Aït-Ali, C. (2015). Les dispositifs hors classe, pour un accompagnement des élèves en difficultés. La nouvelle revue de l’adaptation et de la scolarisation, 70-71, 209-222. https://doi-org.srvext.uco.fr/10.3917/nras.070.0209 2. Marcel, J. (2014). Une mission éducative distribuée au sein des établissements de l’enseignement agricole. Administration & Éducation, 142, 149-155. https://doi-org.srvext.uco.fr/10.3917/admed.142.0149 3. Minassian L. (2013), Des formes scolaires différenciées : unification de l’école ou réseaux de scolarisation ? L’exemple de l’enseignement professionnel agricole, thèse de doctorat en sciences de l’éducation, sous la direction d’Élisabeth Bautier, Université Paris 8. Communication N°5 : L’encapacitation et la responsabilisation des enfants Renaud Hetier, Professeur, LIRFE, UCO La difficulté de la visée d’une justice éducative est, d’une part, de se confronter à une grande inégalité de fait entre les enfants et, d’autre part, le renforcement de cette inégalité par le fonctionnement scolaire ordinaire. Rancière, à partir de Jacotot, a soutenu le caractère circulaire de la difficulté : en assistant les enfants au motif qu’ils ne sont pas capables d’apprendre (par eux-mêmes) on les entretient et on les maintient dans leur « incompétence ». Il s’agit alors de penser davantage à un accompagnement qu’à la seule transmission, une manière d’être à côté/aux côtés de l’enfant, pour lui ouvrir des espaces intermédiaires. En nous appuyant sur la réflexion du philosophe à propos de l’égalité des intelligences, nous déclinerons quatre propositions pédagogiques et éducatives susceptibles de favoriser l’encapacitation de l’enfant, son autonomie intellectuelle et sa responsabilisation : la dévolution des problèmes scolaires et non leur explication, l’investissement relationnel et le dialogue entre adulte et enfant, la prise de responsabilité individuelle et collective dans la classe et dans l’école, l’exercice du care dans son environnement proche, y compris à l’égard du vivant autour de soi. Références bibliographiques 1. Bourdieu, P. (1970). La reproduction. Éditions de Minuit. 2. Buckingham, John (2010, [2000]). La mort de l’enfance, Grandir à l’âge des médias. Armand Colin. 3. Chalier, C. (2008). Transmettre de génération en génération. Buchet-Chastel. 4. Hatchuel, F. (2007, [2005]). Savoir, apprendre, transmettre. La Découverte. 5. Hétier, R. et Usclat, P. (2015). Dévolution et encapacitation en pédagogie universitaire. Éducation permanente, 203, 109-118. 6. Nussbaum, M. (2011, [2010]). Les émotions démocratiques. Flammarion. 7. Rancière J. (1987). Le maître ignorant. Fayard. 8. Rancière, J. (2000). Le partage du sensible. Esthétique et politique. La Fabrique. 9. Rancière, J. (2008). Le spectateur émancipé. La Fabrique. 10. Stiegler, B. (2008). Prendre soin de la jeunesse et des générations. Flammarion. La « recherche orientée conception » est une méthode de recherche collaborative visant notamment la production de dispositifs éducatifs innovants. Le présent symposium propose de présenter et de soumettre à la discussion cette démarche de la recherche orientée conception à partir d’un exemple concret. Les intervenants du symposium (chercheurs, formateurs et enseignants) font tous partie d’un groupe travaillant à l’évolution d’un diplôme universitaire portant sur les pédagogies actives. L’un des enjeux de la recherche orientée conception est ici la production d’itérations successives du dispositif, qui permettent ainsi son amélioration progressive. Dans un DU sur les pédagogies actives, le lien entre les contenus de formation et l’adaptation aux défis éducatifs contemporains impliquent en effet des contenus de formation évolutifs mais aussi une réflexivité quant à la forme des modules qui la constituent. Résumé La construction identitaire, la réussite scolaire et la professionnalisation des élèves de formation professionnelle sont favorisés par un accompagnement de qualité par les acteurs qui les entourent. Ce symposium propose d’analyser l’accompagnement en FP sous cinq dimensions (Gagnon, 2013): acteurs (apprentis, accompagnés, formations, enseignants, accompagnateurs), contexte (finances, organisations, établissements, règles, cadre, normes), temps (durée, fréquence, régularité), démarche (étapes, processus), visée (objectifs). Les communications proposent une mise en tension des besoins exprimés des apprentis, des élèves, des formateurs, des enseignants, des commissaires professionnels dans la conduite de leurs actions en regard des exigences nécessaires à la qualification professionnelle en FP. Il mettra en lumière certains rapports entre les acteurs et les systèmes (éducatifs, professionnels) dans lesquels les individus doivent œuvrer et se construire. Format – 6 communications = 25 min. [20 min. de présentation + 5 min. d’échange] Programme complet : Communication 1 : Démarche d’accompagnement des élèves ayant des besoins particuliers en formation professionnelle Chantale Beaucher, Université de Sherbrooke Andréanne Gagné, Université de Sherbrooke Sandra Coulombe, Université du Québec à Chicoutimi Claudia Gagnon, Université de Sherbrooke L’accompagnement des élèves de formation professionnelle, notamment ceux ayant des besoins particuliers, comporte des enjeux significatifs en vue de leur réussite éducative (Breton, 2020; Doucet et al., 2015). Dans le cadre d’une recherche ayant comme visée de documenter les caractéristiques et les besoins d’élèves de formation professionnelle au Québec (Beaucher et al. 2021), nous avons voulu, entre autres, schématiser le processus d’accompagnement qui leur est offert pendant la durée de leur formation. Des groupes de discussion focalisée (Boutin, 2007; Geoffrion, 1997) ont été réalisés dans neuf centres de formation professionnelle de quatre régions administratives du Québec. Ils regroupaient des personnes impliquées dans l’accompagnement des élèves, et ce, tant dans les CFP qu’en stage : enseignants, conseillers pédagogiques, direction de centre, orthopédagogues, etc. Chaque schéma a par la suite été rendu et validé par les personnes ayant contribué à sa conception. Chaque processus d’accompagnement a également été résumé en un texte d’une page. Nous avons ensuite voulu dégager de ces schémas et de ces textes synthèses, un portrait plus macro, faisant abstraction des différences locales et misant plutôt sur les points communs des démarches d’accompagnement des élèves de formation professionnelle. Cette synthèse permet de relever des points forts dans le processus tels que les nombreuses démarches pour détecter les besoins de soutien le plus rapidement possible et le nombre important de personnes pouvant soutenir les élèves dans les CFP et de soulever d’autres points susceptibles d’entraver le parcours des élèves, notamment l’absence des personnes-ressources pour soutenir les élèves en stage. Références : Beaucher, C., Gagné, A., Gagnon, C., Coulombe, S., Breton, S. et Maltais, D. (2021). Portrait des élèves en formation professionnelle. Rapport de recherche. Sherbrooke. Observatoire de la formation professionnelle du Québec Boutin, G. (2007). L’entretien de groupe en recherche et formation. Montréal : Éditions nouvelles. Breton, S. (2020). La pédagogie inclusive en réponse à la diversité des besoins d’apprentissages des élèves inscrits en formation professionnelle. Dans Mazalon, É. et Dumont, M. (dir.) Soutien à la persévérance et à la réussite des jeunes et des adultes en formation professionnelle, (p. 259-278). PU Doucet, M., Coulombe, S., Maltais, D., Bizot, D., et A. De Champlain (2015). Des pratiques collaboratives d’une équipe école favorisant l’intervention auprès des élèves ayant des besoins particuliers. Dans : Biennale internationale de l’éducation, de la formation et des pratiques professionnelles, 30 juin au 3 juillet, 2015, Paris, France. Geoffrion, P. (1997). Le groupe de discussion. In B. Gauthier Recherche sociale, de la problématique à la collecte des données (p. 303-328). Québec : Presses de l’Université du Québec. Communication 2. Les formateurs et formatrices en entreprise, une identité professionnelle en mouvement Nadia Lamamra Cette communication propose un regard décentré sur l’identité professionnelle à partir de l’expérience non pas des apprenti-e-s, mais de celle des formateurs et formatrices en entreprise, largement ignoré-e-s tant des politiques publiques que de la recherche en formation professionnelle. En Suisse, où la formation professionnelle, notamment duale, occupe une position prépondérante dans les filières de formation post-obligatoires (SEFRI, 2022), le volet entreprise reste largement sous-étudié. Il en va de même pour les acteurs et actrices majeur-e-s de ce volet, qui jouent un rôle prépondérant dans la transmission des savoirs, la socialisation professionnelle et in fine la construction identitaire des apprenti-e-s, les formateurs et formatrices en entreprise (Lamamra et al., 2019). Compte tenu de la particularité des modes d’accès à la fonction (entre choix, opportunité et assignation), du statut de la fonction dans l’entreprise (rarement reconnue et formalisée), et du contexte d’exercice (tension produire/former, manque de temps), ces personnes développent des identités professionnelles diverses. Elle se construit autour d’un métier de référence (identité première de professionnel-le), mais aussi en fonction d’une bifurcation plus ou moins importante signalée par la fonction occupée et du contexte d’exercice, ce qui conduit à l’hypothèse d’une identité qui peut évoluer. Les résultats montrent une forte hétérogénéité chez les FEE, qui se donne à voir dans des postures variées, identifiées en termes de types ou de profils (Besozzi, 2022 ; Wenger & Lamamra, 2023). De ces postures diverses, il est possible de réfléchir à la question de leur identité professionnelle tout en questionnant la manière dont cette dernière fait écho à celles des apprenti-e-s dont elles et ils s’occupent. Communication 3. Comment les commissaires professionnels développent une identité professionnelle dans le cadre d’une transition de carrière. Le contexte de la surveillance de l’apprentissage en Suisse Isabelle Caprani Pour garantir la qualité de la formation professionnelle en alternance et détecter et accompagner les ruptures de contrats d’apprentissage, la Suisse a mis en place un système de surveillance. Cette fonction est généralement assurée par des commissaires professionnels qui ont pour tâches d’identifier les difficultés rencontrées par les apprenti-e-s durant leur formation et les éventuelles lacunes dans la formation dispensée par les entreprises. En nous appuyant sur une étude qualitative auprès de 20 commissaires professionnels (Caprani & Duemmler, 2021), cette contribution s’intéresse à comprendre comment elles et ils s’identifient à leur fonction dans le cadre d’une transition professionnelle (Belzil 1993; Dupuy & Le Blanc 2001 ; Kaddouri 2006; Kramer 1993; Perez-Roux 2019). Comme l’identité professionnelle est construite à la fois par la personne elle-même, mais aussi par les autres protagonistes de sa vie professionnelle (Dubar 1998; 2000), il s’agit d’analyser la manière dont les commissaires professionnels comprennent et réalisent leurs missions et les facteurs susceptibles d’encourager respectivement entraver leur identification. Les résultats montrent que malgré les raisons variables du choix de cette fonction – vocation, progression dans la carrière, réorientation professionnelle, raisons de santé, fin de carrière – les commissaires professionnels s’identifient fortement à leur mission. En trouvant du sens dans l’accompagnement des apprenti-e-s et personnes formatrices dans la mise en place d’un contexte de formation de qualité, les commissaires professionnels construisent ainsi leurs identités professionnelles. Mais le nombre conséquent d’apprenti-e-s en charge les empêchent souvent de pouvoir agir de façon préventive et les limitent dans leur mission d’accompagnement ce qui peut générer de la déception. Leur faible taux d’engagement (parfois 20%) peut constituer un obstacle à pouvoir pleinement mener leur mission. Leur fonction tend du reste parfois à être perçue comme une mission de contrôle, entraînant une méfiance quant à solliciter leur soutien, les empêchant de se sentir pleinement reconnus dans leur fonction. Références Belzil, C. 1993. « An Empirical Model of Job-to-Job transition with self-selectivity », Canadian journal of economics, Revue canadienne d’économique, vol. XXVI, 3, p. 536-551. Caprani, I. & Duemmler, K. (2021). Bilan sur les activités de commissaires professionnels et perspectives de développement du système de surveillance du canton de Vaud, mandat DGEP, Etat de Vaud. Lausanne: HEFP. Dubar, C. (1998). La socialisation. Construction des identités sociales et professionnelles. Paris: Armand Colin. Dubar, C. (2000). La crise des identités. Paris: PUF. Dupuy, R. et Le Blanc, A. (2001). Enjeux axiologiques et activités de personnalisation dans les transitions professionnelles. Connexions, 76(2), 61-79 Kaddouri, M. (2006), « Dynamiques identitaires et rapport à la formation », in J.-M. Barbier, E. Bourgeois, G. de Villers, M. Kaddouri (eds), Constructions identitaires et mobilisation des sujets en formation, Action & Savoir, L’Harmattan. Kramer, M.W. 1993. « Communication and uncertainty reduction during job tranfers : Leaving and joining processes », Communication monographs, vol. 6, p. 178- 198. Perez-Roux, T. (2019). Transitions professionnelles et transactions identitaires : expériences, épreuves, ouvertures. Pensée plurielle, 41, De Boeck Supérieur, 81-93. Communication 4. Favoriser le grand dialogue pour devenir un professionnel exigent envers lui-même Christophe Gremion, Prof. HEFP, Lausanne, Suisse, christophe.gremion@hefp.swiss Les formations professionnalisantes rencontrent une difficulté récurrente : transmettre un genre professionnel attendu tout en développant la réflexivité, la responsabilité et l’autonomie constitutives de la professionnalité des acteurs et de leur style professionnel (Gremion et al., 2021). Pour trouver une alternative à ce dilemme, la HEFP-Lausanne met en œuvre une didactique professionnelle articulant analyse du travail par référentialisation collective, en impliquant les apprentis, et analyse de l’activité (autoconf, gease, vidoéscopie…) sur le terrain (Gremion et Maubant, 2022). La comparaison entre attendu et constaté, sans être vue uniquement comme de l’autocontrôle mais également de l’autoanalyse, doit permettre le travail de renormalisation, ce renouvellement des règles qui participe activement à leur adoption (Lussi Borer et Muller, 2014) et à la compréhension de l’exigence. Mais y arrive-t-elle vraiment ? Pour tenter de répondre à cette question, nous observons le travail d’une classe composée d’apprentis photographes. Une première observation a lieu en début de séquence, lors du travail de référentialisation (Figari, 2006) collective, ce moment où les étudiants observent des photos d’architecture d’intérieur pour comprendre les référents constitutifs d’une belle prise de vue. Nous observons ici comment les règles du métier sont exposées, confrontées, parfois adaptées. Une seconde observation se déroule en fin de module, lors de l’évaluation mutuelle et de la co-évaluation. L’analyse des discours nous permet de rendre visibles l’appropriation de la norme (renormalisation) et l’apparition, dans les propos de certains apprentis, de ce que Clot appelle grand dialogue (2005), mise en relation des registres interpersonnel, intrapersonnel et transpersonnel du discours, manière de se regarder avec les yeux (et l’exigence) de l’expert. Références Clot, Y. (2005). L’autoconfrontation croisée en analyse du travail : l’apport de la théorie bakhtinienne du dialogue. Dans L. Filliettaz et J.-P. Bronckart (dir.), L’analyse des actions et des discours en situation de travail (p. 37‑55). Peeters Publishers. Figari, G. (2006). Les référentiels entre théorie et méthodologie. Dans G. Figari et L. Mottier Lopez (dir.), Recherche sur l’évaluation en éducation: problématiques, méthodologies et épistémologie: 20 ans de travaux autour de l’ADMEE-Europe (p. 101‑108). L’Harmattan. Gremion, C., Burgi, V., Gatti, R. et Le Roy, V. (2021). Identification des indicateurs de professionnalisation dans une formation initiale d’enseignants. Dans C. Gremion et C. de Paor (dir.), Processus et finalités de la professionnalisation. Comment évaluer la professionnalité émergente ? (p. 267‑291). De Boeck Supérieur. Gremion, C. et Maubant, P. (2022). Auf dem Weg zu einer pädagogischen Umsetzung der dualen situationsbasierten Berufsbildungsdidaktik. Dans G. Ghisla, E. Boldrini, C. Gremion, F. Merlini et E. Wüthrich (dir.), Didaktik und Situationen : Ansätze und Erfahrungen für die Berufsbildung (p. 63‑74). hep Verlag. Lussi Borer, V. et Muller, A. (2014). Exploiter le potentiel des processus de renormalisation en formation à l’enseignement. Activités, 11(2), 129‑142. https://doi.org/10.4000/activites.967 Communication 5. Pratiques d’enseignants en formation professionnelle en alternance : quelles pistes pour favoriser la réussite des élèves? Claudia GAGNON, Université de Sherbrooke, claudia.gagnon2@usherbrooke.ca Les écrits montrent que les stages augmentent la motivation des élèves, améliorent leurs compétences et favorisent leur intégration en emploi (CCJ, 2016; RQUoDE, 2016; Savoie-Zajc et al., 2010). Dans ce sens, le gouvernement du Québec valorise l’alternance en formation professionnelle en vue d’offrir des programmes mieux arrimés aux emplois ciblés et de favoriser la rétention des jeunes jusqu’à l’obtention du diplôme (Hart, 2016; MEES, 2019a; MTESS, 2015, 2018, 2019). Bien que des documents existent pour fournir des balises structurantes tout en laissant la souplesse nécessaire aux milieux pour adapter leurs projets d’alternance aux réalités locales, et en insistant, d’un point de vue éducatif, sur l’intégration pédagogique des apprentissages réalisés par l’élève dans les deux milieux de formation (AQAET, 2016; MELS, 2006ab), force est d’admettre que les acteurs en savent peu, concrètement, sur les multiples pratiques possibles et lesquelles sont les mieux adaptées à leur contexte et favorisent la réussite de leurs élèves (Gagnon, 2008, 2018). Dans le cadre d’une recherche-action-participative (Dolbec et Prud’homme, 2010), un questionnaire électronique auprès d’enseignants impliqués dans des projets d’alternance a permis, dans un premier temps, d’établir un portrait des pratiques réalisées du côté du milieu de l’éducation et d’identifier certaines pratiques potentiellement prometteuses à l’égard de la réussite des élèves. Communication 6. Accompagner les stagiaires en enseignement professionnel : adapter les dispositifs de formation des enseignants associés à la lumière des savoirs professionnels d’accompagnement mobilisés Nathalie GAGNON, Université du Québec à Rimouski, Nathalie_Gagnon@uqar.ca Andréanne GAGNÉ, Université de Sherbrooke, andreanne.gagne4@usherbrooke.ca Au Québec, le Cadre de référence pour la formation des enseignants associés et des superviseurs de stage (Portelance et al., 2008) guide l’élaboration de dispositifs de formations destinées aux enseignants associés (EA). Toutefois, il est peu adapté au contexte de la formation professionnelle du fait que la posture d’accompagnement de ses EA s’apparente davantage à celle du mentor qu’à celle du formateur comme on l’entend de façon générale (Gagné et Gagnon, 2022). Afin d’assurer une application pertinente du Cadre de référence dans le contexte de l’enseignement professionnel, il est nécessaire de procéder à son actualisation en considérant la réalité singulière de ses EA. Une étude de cas a donc été menée auprès de 15 EA et des entrevues semi-dirigées ont été réalisées. À la suite d’un processus d’analyse thématique, il a été possible d’identifier les principaux savoirs professionnels mobilisés par les EA durant l’accompagnement de stagiaires (Gagné, 2019). À la lumière de ces résultats et de leur mise en relation avec le Cadre de référence pour la formation des accompagnants, des recommandations sont formulées afin de maximiser la pertinence des dispositifs de formation offerts aux EA de l’enseignement professionnel. S’inscrire en tant qu’apprenant·e dans l’enseignement supérieur (ES) nécessite d’une part, l’acquisition de nouveaux savoirs et compétences, et d’autre part, la re-construction d’une identité amenée à évoluer. Se former consiste ainsi à se transformer grâce à un processus de subjectivation dans lequel construction et acquisition de connaissances sont intimement associées à la construction de soi. Ce processus ne se réalise pas ex-nihilo mais dans la rencontre avec de multiples autres (pairs, personnels administratifs et pédagogiques, etc.) et en confrontation avec une institution qui véhicule une culture spécifique et des sous-cultures issues d’une pluralité de disciplines et de communautés de pratiques scientifiques. Pour les primo-arrivant·es de l’ES et adultes en reprise d’études, il s’agit de s’y conformer et de se les approprier de manière critique dans un processus de re-création de sens. C’est au prix de cette injonction paradoxale que l’acculturation peut entretenir une dialectique constructive avec l’émancipation, objet de ce symposium. Dans ce cadre, nous nous intéressons tout particulièrement à la manière dont les représentations des étudiant·es relatives à divers aspects de leurs études sont susceptibles d’influencer ou non l’apparition de processus émancipatoires de transformation-acculturation. Conséquemment, comment pourrait-on travailler sur ses représentations afin de favoriser de tels processus ? Intervenant·es du symposium et résumés des communications Un dispositif pédagogique par la médiation du cinéma et d’ouverture hors les murs de l’université : approche alternative auprès d’étudiants de 1er année en sciences de l’éducation. Frédérique MONTANDON, Zohra BACHA L’expérience de formation dans le cadre de pratiques éducatives alternatives au sein d’un projet de rencontres cinéphiles « Open Word » vise à favoriser un apprentissage réflexif (Schön, 1994) et un travail de la posture du rapport au savoir (Charlot, 1997). Les étudiants en formation initiale de 1ère année (240 étudiants de licence 1 UPEC, SESS) participent avec d’autres publics aux rencontres cinéphiles « hors-les-murs ». Cet espace ouvert consacré à la découverte des cinématographies du monde permet des rencontres interculturelles (A-Pretceille, 2003) qui les incitent à la réflexion, à la transformation des sujets et des parcours de vie. Conçu par C. Fischer, spécialiste de la question internationale ainsi qu’avec deux enseignants chercheurs, F. Montandon et Z. Bacha, comme une opportunité pour faire sortir les étudiants des murs de la faculté, de les immerger dans des rencontres interculturelles qui les amènent à une posture réflexive et participative. On y voit aussi la possibilité de rapprocher l’université de l’actualité des causes internationales dans des contextes économiques, sociaux et culturels et leur dynamique historique. Les soirées se composent de conférences/projections mais également d’espaces de dialogue et d’interactions asymétriques à caractère informel où les étudian.t.e.s peuvent aller à la rencontre d’une communauté réflexive. Le dispositif de formation repose également sur l’accompagnement à la verbalisation de cette expérience. La rencontre de l’Autre, le déplacement spatial, la rupture opérée lors de cette mobilité visent à ouvrir un espace de réflexivité, d’écriture, de réflexion dans et sur l’action. A partir des observations et de questionnaire sur les séances de cinéma-débat, notre analyse cherche à comprendre comment des dispositifs réflexifs contribuent à favoriser l’ouverture vers d’autres cadres de références, avec la rencontre d’autres grilles de lecture. Mots-clés : approche alternative – convivialité Interculturelle – pratiques réflexives de formation – espaces de formation interculturelle – cinématographies du monde. Références bibliographiques Abadallah-Pretceille, M. (2003). Former et éduquer en contexte hétérogène. Pour un humanisme du divers. Anthropos. Charlot, B. (1997). Du rapport au savoir. Eléments pour une théorie. Anthropos. Schön, D. (1994) Le praticien réflexif. A la recherche du savoir caché dans l’agir professionnel, Editions Logiques. Enseigner les statistiques en première année de SHS : travailler les représentations Renaud MAES Il y a peu de cours où le « mind the gap » entre enseignement secondaire et universitaire prend une telle intensité que le premier cours de statistique. Diminuer la dimension purement formelle des statistiques, augmenter le recours aux exemples, travailler à des méthodes plus directement liées aux contenus utiles dans les années suivantes, sont autant de classiques de la littérature sur la pédagogie des statistiques dans le supérieur. L’enjeu est d’aboutir, pour reprendre le titre d’un ouvrage populaire, à des « Statistics without tears ». En nous fondant sur une analyse de cas et plus précisément sur des entretiens avec une vingtaine parmi les cent soixante-cinq étudiant.es du cours « d’Introduction aux Statistiques » de la filière de bachelier en Sciences humaines et sociales de l’université de Mons, nous proposons ici de discuter d’un objet finalement peu exploré : pourquoi y a-t-il des larmes lorsqu’on évoque les statistiques ? D’où vient l’angoisse que la simple évocation du cours de statistiques provoque ? Notre thèse, provenant de ces entretiens, est que l’un des freins à l’enseignement des statistiques n’est pas lié à des difficultés d’apprentissage ou à des enjeux techniques ou didactiques, mais bien aux représentations étudiantes des statistiques, de leurs usages et de leurs fonctions, construites essentiellement au travers des interactions avec les enseignant.es du secondaire et fortement liées à leur origine sociale (au sens large). Nous suggérerons donc, en nous fondant sur cette analyse, quelques pistes pour « travailler ces représentations ». Mots-clés : statistiques, sociologie de l’enseignement supérieur, représentations collectives Le rapport d’étonnement comme outil pédagogique d’accompagnement pour faciliter l’acculturation des primo-entrants à l’université Isabelle BOURNAUD*, Céline CLAVEL+, Magali GALLEZOT*, Marie-Joëlle RAMAGE*, Patrick PAMPHILE L’acculturation à l’université est une condition essentielle dans le processus de devenir étudiant à l’université (Coulon, 1997). Afin de faciliter cette acculturation, nous proposons aux étudiant.es de rédiger un rapport d’étonnement au cours de leur premier semestre d’étude à l’université. La rédaction d’un rapport d’étonnement encourage à réfléchir et s’interroger sur son expérience en la confrontant à ses représentations ; et peut, par ce questionnement, initier un changement tant en termes de croyances que de comportements (Thievenaz et Piot, 2017). Nous avons analysé un corpus de 103 rapports d’étonnement d’étudiant.es de première année de bachelor universitaire de technologie au regard de quatre dimensions : organisationnelle, personnelle, sociale, de contenu (De Clercq, Van Meenen, Frenay, 2020). Il s’agit d’identifier la nature, la diversité et la richesse des éléments d’étonnement présents et de les mettre en perspective avec la réussite de ces étudiant.es. * EST, Etudes sur les Sciences et les Techniques, UR, Université Paris-Saclay, France + LISN CNRS, Université Paris-Saclay, France Les buddies, un accompagnement de pairs à pairs visant à faciliter la transition universitaire : quels impacts sur la réussite et le développement identitaire ? Erika WEINKAUF, Eliz SERHADLIOGLU, Karine DEJEAN, Noélie ROBERT et Aveline MAZY. Le Student Buddy Program est un dispositif d’accompagnement par les pairs mis en place à l’UCLouvain (Belgique) sur deux lieux d’implantation différents. Ce dispositif vise à favoriser le processus d’ajustement universitaire des étudiants en transition. Après une présentation des éléments structurant la pratique, cette communication s’intéresse ensuite aux transformations opérées par le dispositif tant près des étudiants accompagnés que des buddies. Par le biais d’un design quasi-expérimental, une première étude longitudinale examine l’évolution de l’ajustement académique d’étudiants accompagnés versus non-accompagnés au cours de leur première année de bachelier. Cet ajustement académique est mesuré à travers l’intégration sociale et académique, le sentiment d’efficacité personnelle, les stratégies cognitives… Les données de cette étude sont par ailleurs mises en relation avec les résultats obtenus lors des sessions d’examens afin d’observer l’impact du dispositif sur la réussite des étudiants, et ce, en fonction de leurs caractéristiques d’entrée. Une seconde étude, qualitative, investigue le développement identitaire des buddies dans le cadre de leurs interactions avec différents Autres (l’institution universitaire, les autres buddies, les étudiants de première année de bachelier, les conseillères pédagogiques…). Les transformations identitaires sont appréhendées à partir d’images identitaires de soi pour soi et pour autrui (Barbier, 1996 ; 1998) et des éventuelles tensions vécues au niveau des attentes réciproques des acteurs impliqués dans les échanges. Ces images identitaires ont été recueillies via la méthodologie des récits de vie (Bertaux, 2005) auprès d’une quinzaine de buddies afin de leur permettre d’accéder à une meilleure compréhension des différentes facettes de leur identité et à une prise de conscience de leurs ressources, capacités, références intériorisées et également de leurs espaces de liberté. Transformation entre criticité et émancipation Ivana PADOAN Les articulations les plus récentes de la théorie de l’apprentissage transformatif mettent en lumière les implications des approches critiques-émancipatrices. La théorie transformative étudie comment les gens peuvent transformer les schémas mentaux de signification, les codes de compréhension et d’interprétation acquis tout au long de la vie dans le complexe des socialisations. Le système relie l’étude des processus d’apprentissage et de développement des individus, des groupes et des organisations à travers un modèle de formation pragmatique et relationnel pour donner lieu à un processus émancipateur (Freire). En fin de compte, il s’agit d’une constellation de constructions et d’orientations qui cherche à produire des dispositifs méthodologiques dont la vocation est d’aider à produire des changements profonds. Dans le cadre des approches émancipatrices de la théorie transformationnelle, il existe certaines hypothèses établies : l’apprentissage tire parti du changement et de la transformation des individus, des groupes et des communautés; toute étude et recherche doit porter sur les significations et les pratiques propres aux communautés et doit produire des connaissances utiles pour planifier les changements dans les contextes ; les compétences doivent être lues moins au regard des compétences spécifiques qu’en termes de LifeComp et capabilities. La transformation à l’ère de la mondialisation nécessite d’un processus hautement critique qui place les sujets en formation et en reprise d’étude dans une situation de ResponsiveLearning, ResponsiveAbility, EcoResponsive.
La collaboration « inter » : une combinaison heureuse de facteurs socioaffectifs, sociocognitifs et organisationnels. Résultats d’une revue de la littérature (scoping review) en éducation et en santé. Par Caroline Letor, Professeure-chercheuse, GEF Université de Sherbrooke Travailler ensemble au sein d’un établissement scolaire en Suisse romande : rôles et complexité. Par Laetitia Progin et Aleksandra Vuichard (Haute École Pédagogique du canton de Vaud – Suisse), Savoirs professionnels des directions générales scolaires du Québec pour collaborer au développement de l’éducation. Par Marie-Hélène Guay, Ph. et Brigitte Gagnon, (Université de Sherbrooke) Pratiques collaboratives au service de la construction identitaire de nouveaux acteurs scolaires impliqué dans la nouvelle gouvernance en Fédération Wallonie Bruxelles de Belgique. Par Gaëtan Botty (Université de Namur) La collaboration « inter » comme exigence professionnelle d’un agir compétent et conscient, de personnes chargées de cours intervenant auprès de leurs pairs dans une centre de services scolaire au Québec. Par Brigitte Gagnon, Jocelyne Chevrier, Emmanuelle Doré, (Université de Sherbrooke) Se former à la géométrie variable des interdépendances professionnelles Andréa Capitanescu (Université de Genève) Part de soi, part d’autrui dans la représentation de l’agir-ensemble au sein d’équipes interprofessionnelles et interorganisationnelles. Par Emmanuelle Doré, Suzanne Guillemette, (Université de Sherbrooke) Les Centres de services scolaires à l’aune de la collaboration interprofessionnelle et interorganisationnelle : vers des outils pour évaluer et améliorer la collaboration inter. Par Caroline Letor (Université de Sherbrooke) Entre chercheurs et formateurs, prendre part conjointement à un projet de recherche pilote en Fédération Wallonie Bruxelles de Belgique : une expérience interinstitution et interdisciplinaire . Par Sandrine Biémar, Anaïs Corfdir (Université de Namur) Insertion professionnelle et (re)construction de l’identité par la collaboration dans le champ de la recherche-action en gestion de l’éducation au Québec. Par Emmanuelle Doré, Université de Sherbrooke
Ce symposium s’intéresse à la façon dont les relations et les collectifs peuvent soutenir, non seulement la santé au travail, mais aussi le développement de l’activité des professionnels du travail sur autrui (enseignement, santé, social…). Le soutien social entre les différents intervenant·e·s est fréquemment encouragé, et ses retombées positives sur le bien-être, la gestion du stress et l’adaptation aux changements sont bien documentées (Lam, 2019). Néanmoins, certaines conditions sont nécessaires pour que le soutien social produise les effets escomptés. Ce symposium vise à réfléchir ensemble au caractère dynamique et interactif du soutien, éclairé par des approches très diverses. A travers cinq communications de chercheurEs du Québec, du New-Brunswick et de plusieurs cantons suisses, nous aborderons les questions conceptuelles et méthodologiques soulevées, ainsi que les défis rencontrés pour prendre en compte ces dynamiques dans les pratiques de formation, d’encadrement ou d’intervention. Vers une typologie de soutiens à l’activité : richesse et complexité d’un modèle conceptuel Carole Moix Wolters, Piera Gabola, Marine Hascoët, Catherine Sauer, Marco Allenbach, Haute Ecole Pédagogique du canton de Vaud Le concept de « soutiens à l’activité » est issu d’une tentative de synthèse (Allenbach, Gabola, Leblanc et Rebetez, 2023) entre des apports de recherches en psychologie de la santé (House, 1985; Gabola, 2011), en analyse de l’activité (Clot, 2006 ; Engeström, 2011) et en sociologie de la construction identitaire (Martucelli, 2002). Nous avons cherché à développer une typologie de soutiens aussi exhaustive que possible, indépendamment des sources (individuelles ou collectives) qui les prodiguent (Grayson et Alvarez, 2008). Ces développements conceptuels visent à mieux comprendre comment et auprès de qui les praticien-ne-s parviennent à mobiliser différents types de soutiens répondant à leurs besoins. Dans un dispositif de recherche-action-formation (Charlier, 2015) pour des enseignant-e-s s’initiant à des fonctions particulières de médiation scolaire et de promotion de la santé, dans les écoles du canton de Vaud (Suisse), nous avons confronté ce cadre conceptuel à l’empirie à travers plusieurs activités réflexives réparties tout au long d’un cursus postgrade de deux ans en cours d’emploi. Chacune visait, tout en produisant des données, à développer les capacités des participant-e-s à identifier leurs besoins, analyser les sources de soutiens possibles dans leur environnement, puis mobiliser et négocier les types de soutiens correspondant à leurs besoins. Lors de la dernière Biennale, nous avions présenté ce projet, en cours de réalisation. Actuellement, nous travaillons à l’analyse statistique de ce corpus de données riche mais très complexe, dont nous communiquerons les résultats en septembre. Voici quelques réflexions que nous souhaiterions partager : – Dans quelle mesure ce cadre conceptuel peut-il favoriser l’analyse et le développement de soutiens à l’activité ? Par les praticien-ne-s ? Par les professionnel-le-s susceptible d’offrir du soutien ? Par les responsables hiérarchiques ? S’avère-t-il suffisamment précis pour permettre une analyse féconde, sans devenir trop complexe à comprendre et à opérationnaliser ? – Comment optimiser les méthodologies de production et d’analyse des données, sans réduire leur qualité, en termes de recherche, mais aussi de formation ? Le soutien social entre les membres de la communauté scolaire : les défis d’une compréhension contextualisée et dynamique Caterina Mamprin, Ph.D., Université de Moncton, campus de Shippagan, New Brunswick Le soutien entre enseignant·e·s est fréquemment encouragé dans les écoles; l’aide prodiguée par les pairs mobilise des ressources déjà présentes dans les milieux de pratique et ses retombées positives sur le bien-être ont été largement documentées (Mamprin, 2021). Néanmoins, ces interactions sociales n’ont pas toujours les retombées positives escomptées et le contexte dans lequel ces relations ont lieu joue un rôle clé (Meredith et al., 2020). Afin de comprendre le soutien social, soit un métaconcept triparti composé i) des ressources du réseau, ii) de l’évaluation subjective du soutien et iii) des comportements de soutien (Vaux, 1990), il est pertinent d’explorer des méthodologies qui rendent compte des spécificités du contexte et de l’aspect transactionnel de ces relations interpersonnelles. La méthode des incidents critiques peut constituer une technique intéressante pour y arriver. Au vu d’une cinquantaine de situations rapportées par les neuf participant·e·s d’une étude qualitative, nous proposons des réflexions méthodologiques pour l’étude de ce concept. Au vu de nos résultats, nous souhaitons réfléchir sur certaines formes de soutien particulièrement difficiles à documenter. Par exemple, lorsque le soutien social est offert de façon spontanée, comment peut-on saisir la relation dynamique entre les besoins de l’individu et l’aide octroyée par les pairs ? Développer un dispositif de recherche-formation pour accompagner la résilience des enseignant·e·s selon une logique (trans)formative endogène et exogène Alexandre Fetelian, Nicolas Perrin, Haute Ecole Pédagogique du canton de Vaud Je développe un dispositif de recherche-formation visant à documenter et accompagner le développement de la résilience des enseignant·e·s. L’objet de formation est l’activité qui consiste à être résilient. Le cœur du dispositif, qui a déjà connu sa 1re itération (Fetelian et al., 2021), associe des entretiens où les acteur·trice·s font part, à travers des remises en situations dynamiques, de moments significatifs pour elles·eux dans le développement de leur résilience et les mettent ensuite en lien à travers une mise en intrigue. Ce dispositif a un effet (trans)formatif pour les acteur·trice·s. Cet effet est endogène : l’entretien amorce un processus de réflexion chez l’acteur·trice par rapport au regard qu’elle·il porte ainsi sur sa propre activité. Je souhaite à présent offrir en parallèle une plateforme aux participant·e·s avec des ressources et une fonction de partage anonyme de leurs expériences (Mansfield et al., 2016). Comment concilier ces deux logiques, endogène/exogène ? Mise en place d’un cadre réflexif sécurisé pour améliorer le soutien aux enseignant.e.s et aux soignant.e.s en début de carrière : un défi incontournable pour favoriser le bien-être et la durabilité de ces professionnel.le.s Prof. Francesco Arcidiacono (Haute Ecole Pédagogique-BEJUNE), Prof. Véronique Haberey Knuessi (HE-Arc) et Dr. Piera Gabola (HEP-VD), cantons de Berne, Jura, Neuchâtel et Vaud L’insertion professionnelle n’est pas un moment neutre, mais constitue un passage-charnière (au niveau individuel et social) du parcours de vie des enseignant.e.s et des soignant.e.s. Les novices sont appelé.e.s à faire face à une rupture lors de l’entrée dans le métier (Hétu et al., 1999; Merçay et al., 2021), défi complexe avec le manque d’expérience face à des situations imprévues qui peuvent entraîner de nombreuses désillusions. Le ou la novice se sentira, parfois, seul.e face à ses problèmes (Baillauquès & Breuse, 1993; Portelance et al., 2008), en ressentant un manque de soutien de ses collègues ou de l’institution. Peretti (1993) souligne la dimension abstraite des formations et l’écart entre cette dernière et la prise de fonction qui peut conduire à une véritable souffrance. Différentes recherches alertent, par ailleurs, sur le vécu difficile des enseignant.e.s et des soignant.e.s qui ont en commun d’être caractérisé par un niveau élevé d’interactions sociales : ces métiers sont particulièrement à risque de burnout (Squilaci, 2020). Dès lors, nous réfléchissons à un dispositif susceptible de faciliter l’insertion professionnelle des enseignant.e.s et des soignant.e.s . : 1.- Comment la prise de distance réflexive sur les pratiques respectives peut-elle faire émerger le développement de ressources institutionnelles, organisationnelles et collectives à investir dans sa propre pratique? 2.- Comment des temps d’analyse de pratique et discussion en groupes permettent-ils de favoriser cette distanciation réflexive, l’élaboration d’un construit commun et le développement d’un véritable pouvoir d’agir ? 3.- Peut-on, par ces espaces de réflexion1 sécurisés et formalisés institutionnellement2 construire des relations de soutien qui favorisent le bien-être de ces professionnel.le.s en début de carrière et permettent la durabilité dans leurs fonctions respectives ? [1] Portant par exemple sur les ressources professionnelles, la distance et la gestion de situations complexes. 2 Espaces implémentés par exemple auprès de la HEP et HES Besoins de soutien des personnes-ressources Geneviève Carpentier, professeure, Caroline Levasseur, professionnelle de recherche, et Claudine Sauvageau, candidate au doctorat, Université de Montréal, Anick Sirard, Université de Sherbrooke, Québec La littérature scientifique met en lumière les nombreuses difficultés vécues par le personnel scolaire dans la gestion de l’hétérogénéité des élèves dans les classes, générant ainsi des besoins de soutien importants à cet égard (Carpentier, 2019). Dans ce contexte, une des sources possibles de soutien est la collaboration avec des personnes enseignantes d’expérience, ainsi qu’avec des membres des services éducatifs complémentaires (Paré et Trépanier, 2010). Afin de mieux comprendre ces dynamiques, un devis de recherche mixte séquentiel explicatif a été retenu. L’analyse statistique des besoins de soutien relatifs à la différenciation des pratiques éducatives et du soutien reçu à cet effet, ainsi que l’analyse thématique de quatre groupes de discussion ont été réalisées. On constate la prévalence des besoins de soutien pour la gestion des difficultés d’apprentissage chez les personnes répondantes, ainsi que certaines différences quant aux besoins exprimés entre les novices et les personnes expérimentées. D’autres enjeux, dont ceux liés à la gestion des comportements, persistent malgré l’expérience (Aloe et al., 2014) et contribueraient à l’attrition des personnes enseignantes (Sauvé, 2012). Ces résultats révèlent la préoccupation suivante : Que faire lorsque les personnes sollicitées comme ressources formelles (p. ex. les membres des services éducatifs complémentaires) et informelles (p. ex. les collègues novices ou expérimentés) peinent à combler leurs propres besoins de soutien ? Bien qu’elles restent minoritaires dans le paysage éducatif contemporain (Bouillon, 2021), les écoles et structures alternatives se sont récemment multipliées dans plusieurs pays européens (Legavre & Van Zanten, 2018 ; Wagnon, 2018 ; Viaud, 2017 ; Proboeuf, 2021). Parmi elles figurent des écoles à pédagogie non-directive, telles que les écoles démocratiques et le unschooling, ou certaines formes d’instruction dans la nature, qui prônent une très grande liberté accordée aux enfants dans le choix et la conduite de leurs activités quotidienne, ainsi qu’une relative égalité de décision entre adultes et enfants en ce qui concerne l’organisation du collectif. Les enquêtes sur ce type d’organisation pédagogique demeurant rares et peu diffusées, l’objectif du symposium sera notamment de confronter ces principes directeurs avec les pratiques effectives qui ont cours dans les écoles ou familles s’y inscrivant, en particulier sous l’angle des interactions entre adultes et enfants. Les fondements et objectifs de ces pratiques et de leurs éventuelles variations seront mis en perspectives, notamment au regard des contextes locaux, puisque le symposium réunira des chercheur·es de différents pays francophones. Bibliographie : Bouillon, F. (2021). Mais que font les adultes ? Apprentissages autonomes et travail relationnel dans une école démocratique française. Spécificités, 2 (16), 70-86. Doi : 10.3917/spec.016.0070 Legavre, A., & Van Zanten, A. (2018). Le projet des nouvelles écoles. L’école des parents, 4 (629), 40-43. Doi : 10.3917/epar.629.0040 Proboeuf, P. (2021). Aux frontières de l’école : les choix parentaux en matière d’instruction ʺalternativeʺ. [Thèse de doctorat, Institut d’études politiques de Paris]. https://theses.hal.science/tel-03538057. Viaud, M.-L. (2017). Le développement des écoles et pédagogies différentes depuis le début des années 200 : état des lieux et perspectives. Spécificités, 1 (10), 119-148. Doi : 10.3917/spec.010.0119 Wagnon, S. (2018). Les pédagogies alternatives en France aujourd’hui : Essai de cartographie et de définition. Tréma, 50, 1-25. Doi : 10.4000/trema.4174 Résumés des différents intervenant.e.s Nom(s) et prénom(s) des contributeurs.rices : CARTON Tabatha, GLINEUR Charles, SERAN Loïc, Courriel des contributeurs.rices : Tabatha.carton@umons.ac.be ; Charles.glineur@umons.ac.be ; Loïc.seran@umons.ac.be ; Gwendydd.piret@umons.ac.be;; Willy.lahaye@umons.ac.be ; Gaelle.thollembeek@umons.ac.be L’éducation autodirigée, entre idéal de liberté et contraintes sociétales Carton, T., Glineur, C., Seran, L., Piret, G., Lahaye, W. & Thollembeek, G. En Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), l’obligation scolaire concerne l’ensemble des enfants âgés de 5 à 18 ans (Liegeois, 2022 ; Décret portant diverses dispositions en matière d’enseignement obligatoire, 2020 ; Draelants et al., 2011). Pour honorer cette dernière, différents choix sont envisageables, la fréquentation d’un établissement scolaire subventionné ou reconnu par l’une des trois communautés de Belgique, l’inscription au sein d’un institut ou d’un service de formation, ou bien encore le choix de l’enseignement à domicile (décret fixant les conditions pour pouvoir satisfaire l’obligation scolaire, 2008). L’enseignement à domicile rassemble deux pratiques distinctes : l’instruction à la maison et l’enseignement assimilé qui correspond à la fréquentation d’un établissement privé non-reconnu (Tilman, 2017). Parmi ces écoles non-reconnues figurent les écoles Démocratiques (ED) caractérisées, notamment, par leur pédagogie non-directive, appelée éducation autodirigée. Cette dernière implique une confiance et une liberté, quasi totale, accordées à l’enfant, tout en soustrayant les contraintes d’ordre scolaire telles que les programmes et les cours (Greenberg, 2017 ; Korkmaz & Erden, 2014 ; Apple & Beane, 2007). Néanmoins, ce choix d’instruction ne dispense pas les enfants des obligations sociétales, que sont les contrôles du niveau des études, organisées par la FWB, à minima, tous les deux ans (Décret fixant les conditions pour pouvoir satisfaire l’obligation scolaire, 2008). Dès lors, comment concilier une pédagogie non-directive avec les contrôles de niveaux des études imposés aux enfants ? Cet article a pour volonté d’examiner les relations entre la pédagogie portée par l’école démocratique, la liberté accordée à l’enfant, et les contraintes sociétales liées à ces contrôles de niveau. Apple, M., & Beane, J. (2007). Democratic schools : lessons in powerful education (2e ed). Heinemaan. Décret fixant les conditions pour pouvoir satisfaire à l’obligation scolaire en dehors de l’enseignement organisé ou subventionné par la Communauté française (25 avril 2008). Moniteur Belge 12 juin 2008, p.1-6. Décret portant diverses dispositions en matière d’enseignement obligatoire relatives à l’abaissement à cinq ans de l’âge du début de l’obligation scolaire (09 juillet 2020). Moniteur belge 22 juillet 2020, p.1-7. Draelants, H., Dupriez, V. & Maroy, C. (2011). Le système scolaire. Dossiers du CRISP, 76, 9-126. https://doi.org/10.3917/dscrisp.076.0009 Greenberg, D. (2017). L’école de la liberté (D.Thomas et M-S Chatelain, Trad.). Mama éditions. (Édition originale publiée en 1995) Korkmaz, H.-E., & Erden, M. (2014). A delphi study : the characteristic of democratic schools. The Journal of Education Research, 107 (5), 365-373. Doi : 10.1080/00220671.2013.823365 Liegeois, C. (2022). L’obligation scolaire à 5 ans, risques et opportunités ? Les perceptions d’enseignantes préscolaires. (Unpublished master’s thesis). Université de Liège, Liège, Belgique. https://matheo.uliege.be/handle/2268.2/15548 Tilman, A. (2017). L’enseignement à domicile en Belgique francophone ; exploration des motivations parentales. [Mémoire, UCLouvain]. https://dial.uclouvain.be/memoire/ucl/en/object/thesis%3A10460/datastream/PDF_01/view
Nom(s) et prénom(s) des contributeurs.rices : LEGAVRE Amélia Courriel des contributeurs.rices : legavreamelia@gmail.com La mise au travail des élèves en contexte pédagogique non-directif Legavre, A. Cette communication se penchera sur la mise au travail d’élèves évoluant dans trois écoles privées hors-contrat françaises, se revendiquant de l’appellation “école démocratique”. Celles-ci offrent aux élèves de personnaliser le contenu comme les modalités de leurs activités d’apprentissages. Selon les éducateurs, l’encouragement à la mise au travail se fait plus ou moins insistant, mais celle-ci n’est dans tous les cas jamais contrainte, les élèves pouvant décider de ne pas réaliser les activités, ou de ralentir considérablement leur rythme d’exécution. Le niveau d’activité respectif des élèves quant aux activités les plus formelles s’avère ainsi inégal. Grâce à des observations de journées d’écoles, et à des entretiens avec les élèves, nous analyserons la perception que ceux-ci ont du travail scolaire et la valeur qu’ils attribuent à la contrainte dans la mise au travail. À ce titre, nous verrons que des enfants préconisent des modalités plus coercitives de mise au travail, tandis que d’autres les rejettent en bloc, et que certains développent des stratégies de mise au travail autonome. Le rôle joué par les attentes familiales à propos de la mise au travail sera également considéré. Nom(s) et prénom(s) des contributeurs.rices : BOUILLON Florence et BEAUFILS Matthieu Courriel des contributeurs.rices : florence.bouillon@gmail.com, mattbea@outlook.fr Bouillon, F., & Beaufils, M. Cette communication se fonde sur une enquête ethnographique conduite dans une école démocratique française entre 2018 et 2020, ainsi que sur une deuxième enquête conduite dans deux écoles (l’une parisienne, l’autre située en Charente Maritime) sur une période identique. Elle a pour objectif de décrire le fonctionnement des instances de décision (conseil de justice et conseil d’école en particulier), éléments fondamentaux de la vie de ces écoles puisque, supposés permettre à chacun·e, enfants compris, de pouvoir exprimer un point de vue et d’agir au sein de l’école, elles incarnent le principe directeur de l’égalité entre adultes et enfants propre aux écoles démocratiques. Quelles sont les règles qui régissent ces instances ? Comment et par qui ont-elles été mises en place ? Comment ont-elles évolué au cours du temps ? Qui par ailleurs prend la parole au cours des réunions, qui propose quoi et, in fine, qui décide de quoi ? Telles sont les questions qui seront explorées dans cette communication, qui vise à discuter les normes pratiques relatives à l’instauration de l’égalité entre enfants et adultes, principe fondateur des écoles démocratiques. On y décrira à la fois les efforts déployés par les adultes afin d’organiser des instances et réglementations susceptibles de garantir cette égalité, et les impasses d’un formalisme excessif, nuisible à l’expression de chacun·e. Nom(s) et prénom(s) des contributeurs.rices : REBECCHI Kevin Courriel des contributeurs.rices : kevin.rebecchi@univ-lyon2.fr Le unschooling à la lumière de la théorie de l’écologie du développement humain, entre théorie et pratique Rebecchi, K. Le terme « unschooling » semble avoir été utilisé pour la première fois par John Holt en novembre 1977 dans le magazine n°2 Growing Without Schooling. Il indiquait que ce mot était utilisé pour parler du retrait des enfants de l’école alors que le mot « deschooling » était utilisé dans une démarche de rendre les écoles non obligatoires (Holt, 1977). Cependant, dans le langage courant, le unschooling peut faire référence à la fois au fait de n’avoir jamais envoyé ses enfants à l’école et à celui de les retirer de l’école après les avoir scolarisés. Le grand public et les institutions, pas toujours familiers avec ces questions, s’interrogent à de nombreux niveaux : le unschooling est-il une idéologie à suivre à la lettre avec des pratiques homogènes ou existe-t-il des pratiques individuelles spécifiques ? Les enfants peuvent-ils se développer sans école ? Si oui, comment ? Si non, pourquoi ? En ont-ils tous envie ? De quelle marge de manœuvre et degré d’agentivité (Bandura, 2007) disposent-ils ? Vont-ils pouvoir acquérir les compétences et connaissances que l’État juge nécessaires et notamment le lire-écrire-compter ? La théorie de l’écologie du développement de Bronfenbrenner fait référence à une conception du développement de la personne, de l’environnement et des interactions évolutives entre les deux (1979). Cette théorie (1979, 1986a, 1986b, 1996) met en lumière des systèmes imbriqués à la façon des poupées russes qui sont le macrosystème (l’ensemble des règles, croyances, idéologies sociales, culturelles, politiques et économique d’une société), l’exosystème (les paramètres n’impliquant pas la personne, mais produisant des effets sur elle), le mésosystème (les liens entre microsystèmes), le microsystème (les schémas d’activités, de rôles et de relations de la personne) et le chronosystème (les transitions de vie normatives et non normatives). Cet article vise ainsi à confronter les principes directeurs du unschooling étudiés sous l’angle de ces différents systèmes et de les confronter au contexte socioculturel et politique français ainsi qu’à l’analyse des pratiques de sept familles en ce qui concerne notamment l’apprentissage informel de la lecture et de l’écriture. Bandura, A. (2007). Auto-efficacité, le sentiment d’efficacité personnelle. De Boeck. Bronfenbrenner, U. (1979). The ecology of human development: Experiments by nature and design. Harvard University Press. Bronfenbrenner, U. (1986a). Recent advances in research on the ecology of human development. In Silbereisen, R. K., Eyferth, K. et Rudinger, G. (Eds.). (1986). Development as action in context: Problem behavior and normal youth development (287-309). Springer-Verlag. Bronfenbrenner, U. (1986b). Ecology of the Family as a Context for Human Development: Research Perspectives. Developmental Psychology, 22(6), 723-742. Bronfenbrenner, U. (1996). Le modèle « Processus-Personne-Contexte-Temps » dans la recherche en psychologie du développement : principes, applications et implications, In Tessier R., Tarabulsy, G. (Dir.). (1996). Le modèle écologique dans l’étude du développement de l’enfant (11-59). Presses de l’Université du Québec. Holt, J. (1977). Growing Without Schooling. n°2. Le rapport aux autres et à soi dans la mise en discours des transformations d’adultes en formation Que ce soit auprès d’enseignants suisses de la formation professionnelle dans le cadre de leur formation pédagogique et de leur mémoire de fin de formation, auprès de professionnels français de la petite enfance dans le cadre des AFEST, auprès de futurs directeurs d’écoles bruxellois lors de l’élaboration de leur portfolio de formation, différentes mises en discours sont élaborées. Elles portent la trace de multiples découvertes, rencontres, réélaborations de soi, affichages que nous souhaitons interroger dans ce symposium. Le rapport aux autres et à soi y tient une place particulière dans l’expression du vécu de de l’expérience de l’adulte. Comment s’exprime la mise en scène de soi dans son rapport aux autres, à travers le parcours biographique ou la réalisation d’une trajectoire des personnes ? Quelles épreuves, quels déplacements, quelles rencontres, quels environnements significatifs sont mis en avant pour présenter une nouvelle identité ? A partir de quelles dimensions et selon quels remaniements de soi ? Muriel Deltand Unité de recherche HE2B Centre de Recherche Pédagogique en Enseignement, Formation et Education Titre Mise en discours de soi et remaniements identitaires en formation : regard(s) sur des portfolios d’enseignants belges se formant au métier de direction d’établissement Dans un contexte de transformation du travail et d’évolution de carrière, les questions identitaires se posent toujours de façon significative. Aussi et si l’importance d’une redéfinition de soi se fait vive imposant aux acteurs de s’adapter, de développer de nouvelles capacités et compétences ou encore de bifurquer vers des postes semblant plus valorisants au plan professionnel et/ou personnel, la formation est le plus souvent un passage incontournable pour y arriver. Cette communication propose de relire, sous l’angle identitaire, des données de recherche issues de la mise en récit de soi au travers de 94 portfolios de formation élaborés par des enseignants belges se formant à assumer des fonctions de direction d’établissement. Cette forme d’écriture en formation associée à une subjectivité forte, à la valeur et au sens attribués à ce changement professionnel visé permet de saisir ce qui est investi et/ou (re)négocié par chacun pour accomplir ce processus de remaniements identitaires en formation. Ainsi, si l’écriture rend compte de déplacements de délibération de soi, la lecture permet de se rendre compte des formes d’appropriation singulières projetées sur ce nouveau rôle ainsi que les manières plurielles de s’y référer, s’y engager ou encore de s’en retirer. Entremêlant processus de remaniements identitaires et mise en discours de soi, une reprise de formation semble toujours un moment délicat comportant des dangers, mais ouvrant à des rapports inédits à soi, aux autres et aux mondes sociaux. Sandrine Cortessis Titre : témoigner de sa reconversion professionnelle, une expérience (trans-)formatrice ? Dans le cadre d’une formation professionnalisante en Suisse francophone, des adultes en reconversion vers l’enseignement ont la possibilité de réaliser un récit professionnel sur une base volontaire. Avant de se reconvertir vers l’enseignement ces adultes ont pratiqué dans des domaines professionnels variés tel que la mécanique, les soins, la cuisine, ou encore l’agriculture. La première partie du récit consiste en un retour biographique sur le parcours scolaire et professionnel ayant conduit leurs auteur-es vers l’enseignement. Durant le temps où ils et elles rédigent leur récit, les auteur-es participent à des ateliers méthodologiques et d’écriture, au cours desquels, ils et elles ont l’occasion d’échanger à propos des pratiques évoquées avec d’autres étudiant-es. L’expérience d’écriture d’un récit biographique dans le cadre d’une formation destinée à des professionnel-es en reconversion vers l’apprentissage, qui met en relation les parcours de vie, les rencontres et les expériences significatives, nous la fait appréhender comme un lieu permettant à la fois de reconstruire la transition entre deux professions et de se transformer soi-même dans une réflexion avec d’autres. En effet, adoptant une perspective dialogique (Scheller, 2001), nous considérons que c’est précisément parce que le parcours de vie est adressé et mis en intrigue (Ricoeur, 2014) ou en scène (Goffmann & Kihm, 1973), qu’il permet à son auteur de se l’approprier et de développer des perspectives futures. Dans le cadre de ce symposium, nous proposerons des réflexions produites à partir de l’analyse des parties biographiques rédigées par une dizaine d’ancien-es étudiant-es. La question qui guidera notre intervention est la suivante : comment les auteur-es présentent leur reconversion professionnelle ? Quelles sont les situations, les rencontres et les moments jugés significatifs dans ce choix ? En quoi le fait de soumettre son récit à des acteurs institutionnels (étudiants, formateurs, évaluateurs) a-t-il des effets formateurs, voir transformateurs ? Goffman, E., & Kihm, A. (1973). La mise en scène de la vie quotidienne (Vol. 2). Paris: Editions de minuit. Ricœur, P. (2014). Temps et Récit. L’Intrigue et le Récit historique: L’Intrigue et le Récit historique. Média Diffusion. Scheller, L. (2001). L’expérience du travail dans le cadre dialogique, Travailler, 6, 2, 71-88. https://doi.org/10.3917/trav.006.0071
Le symposium s’intéresse aux processus de construction de la professionnalité, aux dynamiques d’insertion, aux ressources plurielles mobilisées et aux épreuves traversées par des futurs ou des néo-professionnels s’orientant vers un métier de l’humain. Cette perspective suppose une approche par les temporalités et une prise en compte des contextes de formation/de travail. Elle envisage par ailleurs la dimension singulière (part de soi) de ce processus et la dimension collective, partagée (part d’autrui) qui structure progressivement le rapport au (futur)métier. Plusieurs secteurs seront explorés (enseignement, santé, travail social) pour tenter de repérer des convergences et des spécificités quant à cette construction professionnelle supposant de forts enjeux identitaires. Ce symposium se prolongera dans un autre, centré sur les enseignants du primaire et du secondaire en formation ou en emploi sur différents territoires métropolitains et ultramarins. FREMAUX Charly Cette communication fait suite à une recherche sur la formation d’éducateur spécialisé. Nous discuterons des processus de construction de l’identité professionnelle des étudiants, pendant leurs trois années de formation par alternance. A travers quelques exemples de parcours, nous verrons l’importance des dimensions biographiques et relationnelles dans la manière d’entrer et de vivre le futur métier. Souvent bousculés et fragilisés, les étudiants sont confrontés durant leur formation à une épreuve de responsabilité professionnelle : ils s’appuient alors sur leurs expériences antérieures, sur des savoirs pluriels et sur des personnes ressources (en formation et en-dehors). Ils décrivent progressivement une autonomisation pour devenir acteurs de leur métier. Une forte articulation entre les pratiques professionnelles et la sphère personnelle se révèle au fur et à mesure de leur formation. BARAËR-MOTTAZ Anne-Marie L’amélioration de la formation des professionnels de la petite enfance constitue une des priorités majeures pour répondre aux enjeux de notre société[1]. Elle est essentielle pour pouvoir accompagner le développement de l’enfant et du parent en construction[2]. L’exercice professionnel des puéricultrices[3] en EAJE vise à favoriser le développement psychomoteur de l’enfant ainsi que la promotion, la prévention et la protection de sa santé et celle de sa famille. La recherche en cours vise à documenter les savoirs construits par les étudiantes puéricultrices au cours de leur stage ainsi que les processus de construction professionnelle. Le dispositif méthodologique combine une approche ethnographique et une analyse de l’activité des étudiantes en stage (Theureau, 2006), avec une approche sociologique (Martuccelli, 2006). Les premiers résultats montrent une évolution des savoirs construits par les étudiantes, liée à la prise de conscience des capacités d’autonomie de l’enfant dans ses décisions et actions. TEISSEIRE Xavier Cette présentation s’inscrit dans le cadre d’une thèse de recherche sur le développement des compétences des étudiants en formation initiale de masso-kinésithérapie. Les différentes conceptions sous-jacentes de la compétence nous amènent à prendre en compte ses dimensions cognitives, techniques mais aussi sociales et identitaires. Nous avons utilisé des entretiens d’auto confrontation simple à partir de traces de l’activité filmées des étudiants lors de séances de simulations de soins comme méthode de recherche pour construire une intelligibilité nouvelle des situations simulées en accédant à des informations non observables. L’analyse des discours à propos de leur activité, dans une approche de didactique professionnelle, nous a permis de catégoriser des schèmes qui caractérisent une construction du sujet et de ses habiletés selon une perspective singulière et collective en fonction de son parcours, ses expériences, les liens faits avec ces derniers, ou pas. Les premiers résultats montrent que le couplage entre la structure conceptuelle de la situation et le modèle opératif du sujet évolue selon les temporalités et que les constructions relatives aux compétences attendues se fondent sur l’expérience personnelle et collective, toutes deux permises par le dispositif de simulation. CELERI Isabelle Cette proposition d’intervention prend appui sur une recherche doctorale portant sur la construction de l’identité professionnelle d’enseignant.es fonctionnaires stagiaires en formation à l’Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation (INSPE) de l’académie de Rouen en 2019-2020. La formation évoquée lors de cette communication s’inscrit dans un master Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation (MEEF) et a pris la forme d’une alternance de trois semaines en établissement scolaire et de trois semaines à l’Institut. Inscrite dans une intention de professionnalisation des futur.es enseignant.es affecté.es en binômes dans les classes, une série d’observation de leur pratique – appelés « visites conseil » ou « visites évaluatives » – était organisée, encadrée par des tuteurs issu.es du terrain et des tuteurs universitaires au sein d’un dispositif d’accompagnement visant à valider des compétences inscrites dans le référentiel métier des professeur.es des écoles et des unités d’enseignement du master MEEF. Nos travaux de recherche ont permis de définir les visites évoquées par les stagiaires lors des entretiens comme des temporalités à « effets identitaires » (Barbier, 1996) fonctionnant comme une « offre de professionnalité » (Hatano-Chalvidan, 2015) soumise à des observateur.trices considéré.es par les observé.es comme des « autrui significatifs » (Mead, 1963 ; Kaddouri, 2019) ayant pour tâche de vérifier/valider la construction d’une professionnalité attendue/espérée/prescrite. Ces visites ont pu apparaître aux stagiaires comme des « épreuves » de professionnalité lorsque l’entretien post-observation, le rapport de visite ou le « bilan de positionnement » officiel ne permettaient pas aux stagiaires de valider une identité professionnelle attendue dans sa dimension en actes ni d’attribuer les compétences professionnelles devant l’être (Wittorski, 2015). À l’inverse, en cas de visite vécue positivement, les stagiaires ont pu s’autoriser à développer un soi « professionnel personnalisé » (Nault, 1999) étayé par la confiance en leurs aptitudes professionnelles (Cohen-Scali, 2000). Quels que soient les parcours et les ressources biographiques mobilisées par les stagiaires (Delory-Momberger, 2014), les visites sont apparues comme des moments-images entraînant la construction de représentations du soi professionnel dans des espaces-temps spécifiques. PEREZ-ROUX Thérèse La communication s’intéresse aux représentations et au rapport au métier des enseignants durant les trois premières années de prise de fonction. Elle tente de saisir ce qui permet à ces enseignants débutants d’assurer leur(s) tâche(s), de répondre aux exigences institutionnelles, de s’insérer dans les collectifs et de progresser (se construire) dans l’exercice du métier. En effet, le développement professionnel des débutants dépend pour beaucoup des situations de travail qu’ils rencontrent (Wittorski & Briquet-Duhazé, 2010). Il varie également selon le contexte de formation (et la formation suivie) et selon le contexte d’enseignement (établissements classés en éducation prioritaire ou non, travail en équipe effectif ou non, etc.). Au niveau méthodologique, le recueil de données s’appuie sur un questionnaire diffusé à l’échelle nationale via « Sphinx on line » entre février et mars 2022 (n=497). Ce corpus est complété par des entretiens semi-directifs réalisés sur les territoires métropolitain et ultramarin (n=13). Les résultats mettent en relief les priorités de ces enseignants débutants, les compétences professionnelles qu’ils pensent maîtriser et/ou les difficultés qui sont encore les leurs. L’analyse de deux questions ouvertes permet d’approfondir l’évolution des priorités et la construction professionnelle au cours des trois premières années d’entrée dans le métier. [1] Rapport Giampino (2016) propose un plan d’action pour la petite enfance, et souligne, valorise la richesse d’une cohabitation de dimensions sanitaires, sociales et éducatives dans la formation des Infirmières-puéricultrices. [2] Rapport de la commission des 1000 premiers jours 09/2020 [3] Infirmières spécialisées en puériculture. Le symposium s’intéresse aux processus de construction de la professionnalité, aux dynamiques d’insertion, aux ressources plurielles mobilisées et aux épreuves traversées par des futurs ou néo-enseignants. Cette perspective suppose une approche non seulement par les temporalités mais aussi par la prise en compte des environnements territoriaux de formation/de travail. Elle envisage les dimensions singulière (part de soi) et collective (part d’autrui) de ce processus inscrit dans un monde spécifique qui structure progressivement le rapport au (futur)métier d’enseignant. Plusieurs espaces seront explorés (enseignements des premier et second degrés dans des territoires métropolitains et ultramarins) pour tenter de repérer des similitudes et des spécificités quant à cette construction professionnelle. Ce symposium prolongera celui abordant les convergences et les spécificités dans la construction professionnelle dans les métiers de l’humain. 1- Se construire comme enseignant du second degré en 2022 en France métropolitaine : entre formation en master MEEF, projet professionnel et épreuves Eric Maleyrot Les étudiants en master MEEF vivent en 2021-2022 une nouvelle ingénierie de formation dans la préparation au métier d’enseignant. Nous cherchons à comprendre le processus de construction de la professionnalité émergente (Jorro, 2014) des étudiants dans ce contexte de formation universitaire et professionnelle. Nous nous appuyons d’abord sur une enquête en ligne adressée au printemps 2022 aux étudiants inscrits en MEEF (N = 938) de plusieurs académies métropolitaines et ultramarines, les interrogeant, notamment sur l’articulation théorie pratique. A partir d’entretiens semi-directifs, nous approfondissons les réponses de sept étudiants de seconde année MEEF 2nd degré de trois académies métropolitaines (Créteil, Nantes et Montpellier). L’étude montre que malgré leur statut différent (étudiant stagiaire, étudiant contractuel alternant et fonctionnaire stagiaire), les étudiants rencontrent dans les trois académies des épreuves communes mais celles-ci n’ont pas la même incidence sur leur perception de la formation selon leur projet professionnel (part de soi) et le sentiment d’être accompagné (ou non) par les formateurs tant de l’INSPE que les formateurs de terrain (part d’autrui). 2- Réforme de la formation des enseignants : construire sa professionnalité entre déstabilisations et contradictions Carole Santi Cette étude s’intéresse à la formation initiale en alternance d’enseignants du second degré en responsabilité (contractuels alternants, fonctionnaires-stagiaires et AED prépro) dans le département des Pyrénées-Orientales. Des entretiens semi-directifs ont été menés pour interroger la construction de leur professionnalité en contextes particuliers. Celui de la réforme 2021 tout d’abord, qui couple l’exercice du métier avec la préparation d’un concours. Mais aussi dans un contexte territorial éprouvant car ces étudiants ou néo-enseignants se forment dans un département qui, après les outres-mers, est un des plus pauvres de France et dans des établissements en éducation prioritaire (75% des collèges de Perpignan sont REP/REP+). Il ressort de cette étude des malaises profonds chez ces futurs ou néo-enseignants (« schizophrénie » du double statut étudiant/professionnel ; manque de légitimité ; injonctions contradictoires entre tuteurs terrains et chercheurs universitaires…). Si la part de soi est éprouvée dans cette formation, la dimension collective mise en place dans certains cours (l’analyse de pratiques professionnelles par exemple) constitue un remède dans cette structuration progressive au métier. 3- Effets de contexte sur les représentations des enseignants débutants œuvrant dans les académies de La Réunion et de Mayotte Christine Françoise La communication porte sur l’entrée dans le métier des enseignants du primaire et du secondaire, ayant bénéficié d’une formation dans le cadre de la réforme de la formation initiale de 2013. Sur le plan méthodologique, le recueil de données s’appuie sur un questionnaire diffusé à l’échelle nationale, via SphinxOnline, entre février et mars 2022 (n=497). Au fur et à mesure des situations d’enseignement rencontrées, les enseignants construisent et maîtrisent des savoirs et compétences professionnelles (Lefeuvre et al., 2009). Durant les trois premières années de titularisation, leur développement professionnel dépend ainsi des mécanismes d’adaptation choisis et par conséquent de leur personnalité (Nault, 1999) mais aussi de leur profil (âge, parcours universitaire, expérience professionnelle, etc.). Ce développement varie aussi selon le contexte dans lequel ils évoluent. Nous nous intéressons particulièrement aux enseignants des académies de Mayotte et de La Réunion, ces académies ayant des contextes historiques, géographiques, socio-économiques particuliers. Seule une partie du discours de ces enseignants – reliée à des éléments de contexte – diffère de celui des enseignants œuvrant sur le territoire métropolitain. 4- Les professeurs d’Education Physique et Sportive (EPS) sont-ils « mieux » formés que les autres ? Stephan Mierzejewski et Nathalie Jelen Les enseignants en EPS ont la réputation de former un groupe « à part » (Josse, 1975 ; Roux-Perez, 2004 ; Bret, 2009) dans le système d’enseignement. Une série d’enquêtes a été menée afin d’objectiver cette spécificité à l’échelle macro sociologique. Un questionnaire administré auprès de 1866 étudiants de Master MEEF et néo-enseignants, couplé à des entretiens biographiques, tendent à confirmer l’importance de leur socialisation pédagogique ainsi que la grande consonance entre la formation reçue et les projections initiales. Cela se traduit par une moindre tension subjective à l’entrée dans le métier chez les néo-PEPS. Ces éléments de portrait collectif, ne sont toutefois pas exclusifs. Une lecture interactionniste de leurs parcours montre que leurs dispositions et ressources ne les immunisent pas contre toutes les épreuves vécues à l’entrée dans le métier. S’ils se considèrent mieux formés en comparaison de leurs homologues, du fait d’expériences de professionnalisation précoces et renforcées par les modalités du concours, les épreuves de conversion professionnelle n’en restent pas moins modulées par la qualité de l’accompagnement des formateurs/tuteurs, les caractéristiques de leurs contextes d’affectation et les ressources et soutiens qu’ils peuvent y trouver. Nous illustrerons, avec les participants la portée de cette question à travers différents domaines d’action en les reliant : les histoires de vie en formation, les pratiques intergénérationnelles, les Réseaux d’échanges réciproques de savoirs®, les parcours professionnels, les engagements citoyens. Pour ce faire, tous les présents seront invités à participer à des ateliers articulant des témoignages oraux, de l’écriture et de la lecture (en sous-groupes suivis d’une rapide mise en commun des questions issues de ces travaux). Nous tenterons ensuite de construire des réponses à notre question (En quoi la réciprocité… ?), en sous-groupes autour d’un des points de vue suivants : 1. Apprentissages et formation 2. Émotions et désirs 3. Motivation et engagement 4. Sens et présence à soi, aux autres et au monde 5. Reconnaissance et confiance. Puis nous partagerons en grand groupe les analyses des sous-groupes qui seront enrichies par le regard de Jérôme Eneau, chercheur accompagnateur du symposium Résumé du symposium : Ce symposium trouve son origine dans une préoccupation partagée par les six intervenants. Elle porte sur la capacité ainsi que sur la possibilité de tout un chacun à se construire en tant qu’apprenant-adulte « avec et dans » un monde régi par l’augmentation incessante de la vitesse des changements à l’œuvre qu’ils soient socio-économiques, organisationnels ou encore technologiques. Une question se situe en particulier au cœur de cette préoccupation, en lien avec la thématique de la Biennale 2023 : dans cette société de l’accélération, en quoi la formation des adultes peut-elle constituer un « espace-temps refuge et de résonance» pour soi et pour les autres, pour « être et faire ensemble » ? Chacun des intervenants apportera, certes avec des angles épistémo-théoriques différents et selon des publics et des contextes divers de formation, des éléments essentiels de réponse à cette question en adoptant une position de surplomb vis-à-vis de ses propres recherches et de mise en perspective globale. Les interventions individuelles laisseront place à la discussion scientifique dont l’une des finalités est de dégager collectivement quelques lignes directrices majeures de consensus sur cette question centrale. Auteurs, titres et résumés des interventions Société de l’accélération et temporalité des adultes en e-Formation. L’adulte doit s’adapter constamment aux transformations incessantes du monde du travail et de la société en général. En entreprise, cet adulte est le travailleur juste à temps, arrimé à l’exigence d’un apprentissage continu afin d’assurer sa propre employabilité à court et moyen terme. Plus largement, il est le citoyen engagé dans une dynamique de formation tout au long de la vie, dont les efforts d’apprentissage doivent être constamment renouvelés et à un rythme relativement soutenu. Cette figure de l’apprenant-adulte est relativement conforme aux canons d’une hypermodernité soumise aux impératifs productivistes du modèle économique libéral. L’objet de cette intervention est de mettre en exergue la tension induite par deux temporalités qui s’opposent : d’une part, l’accélération de la société impactant toutes les sphères de la vie humaine et, d’autre part, le temps long de l’apprenance, tout en centrant le propos sur un contexte spécifique : celui de l’apprentissage des adultes via l’usage des technologies et services numériques de l’information et de la communication. Variabilité temporelle en formation d’adultes En formation d’adultes, les problématiques temporelles visent souvent à repérer les processus transformateurs qui incitent le sujet à s’engager en formation et à intégrer des « périodes de formation » dans son parcours de vie. Nous tenterons d’explorer les effets des « temps d’accélération » sur ces processus souvent reliés à des temporalités de longue durée. En effet, des formes de conflictualité se créent, se développent entre les exigences liées à la nécessité d’une réponse immédiate (la recherche d’efficacité dans des dispositifs de formations) et la variabilité temporelle de la construction des parcours individuels de formation. Accélération et attention en tension : conséquences pour l’apprenance adulte Après avoir présenté les trois régimes de temporalités de la modernité, de la tradition et de la postmodernité, ma contribution explorera la tension entre « accélération » et « attention » dans le contexte de l’apprenance adulte. D’une part, l’attention est traduction du care, d’autre part l’hypertrophie du présent prive les adultes contemporains de présence au monde, à autrui et à soi-même… Les conséquences cognitives, didactiques, imaginaires, formatives et existentielles de cette tension seront alors décrites à partir de travaux récents en psychologie, éducation, anthropologie et philosophie. Cinétiques du récit de soi en formation d’adultes Selon une perspective herméneutique, compréhensions et récits de soi peuvent être considérés comme des processus codépendants. Les variations du régime cinétique des récits, soit le rapport entre la durée du temps vécu appréhendé dans le récit et le format du texte dans lequel celui-ci s’incarne, comportent des effets d’élucidation, de clarification, de formation de soi. L’objet de cette intervention est de caractériser ces processus d’accélération et de décélération du temps au cours de l’activité narrative, puis d’examiner les effets de compréhension associés à ces processus. Formation des adultes, logique d’accélération et résonance selon Rosa À partir de la théorie de la résonance de Rosa, dans quelle mesure peut-on penser la formation des adultes à la frontière et dans des alternances entre acquisition de compétences (appropriation) et espace-temps de résonance (assimilation) ? Rosa définit la modernité par le maintien d’une stabilité dynamique de la société que permettent l’accélération technique, la croissance économique et l’innovation culturelle constantes. En réalité, ce régime d’augmentation constante met les individus et les groupes sous pression : il faut être toujours plus rapides, plus créatifs, plus efficaces, donc se former pour garder le monde disponible, l’atteindre, le conquérir, l’exploiter. Mais l’expérience montre qu’une vie ne peut s’accomplir que si tout n’est pas maîtrisé, contrôlé et planifié ; nous avons besoin de la rencontre avec l’indisponible qui permet la résonance. Cette communication montre comment dans ces tensions vives, on peut penser une formation d’adultes qui offre des expériences de transformation de soi ou « emmétamorphose » selon Rosa. L’équipe de recherche « Fragilité et Institutions », créée au sein de l’unité de recherche de l’ICP depuis la rentrée de septembre 2022, travaille autour des qualifications, vécus et accompagnements des vulnérabilités au sein de différentes institutions. En s’appuyant sur les réflexions de cette équipe de recherche en interaction avec l’Ecole de Psychologues Praticiens, ce projet de symposium vise à interroger de quelle manière les vulnérabilités se vivent pour soi et pour les autres, comment elles se présentent aux individus et de quelle manière les regards qui se posent sur les vulnérabilités et les activités qui se développent autour, aident à construire ou non la personne. En prenant en compte les interactions construites autour des personnes concernées et par elles-mêmes au sein ou non d’institutions, il s’agit d’interroger la façon dont la vulnérabilité peut se créer, et de souligner la façon dont l’analyse des trajectoires de vie permet d’envisager un « dépassement » de ces vulnérabilités, conduisant à vivre avec, voire se surpasser. Quelle peut être alors la part de soi et la part d’autrui dans cette construction identitaire en lien avec les vulnérabilités identifiées ? Des productions pluridisciplinaires (sociologie, sciences de l’éducation, psychologie, philosophie, histoire, etc.) sont souhaitées pour ce symposium de manière à envisager les constructions individuelles et collectives dans leur complexité et leur globalité. Séverine Parayre, Fabienne Serina-Karsky, Anne-Laure Poujol Vulnérabilité, institutions et construction Zoé Rollin (MCF Université Paris Cité, CERLIS) Devenir un élève atteint de cancer, devenir le parent d’un adolescent en situation de maladie grave >font> Discutants : Thibaud Pombet et Nirisoa Jeannot Mahavoriniaina Guillaume Tachon (doctorant de l’École de Psychologues Praticiens et Université Lumière Lyon 2), Madeleine Azubuike (doctorante de l’École de Psychologues Praticiens et Université Paris 8), Victoire Deltour (doctorante de l’École de Psychologues Praticiens et Université de Bourgogne Franche-Comté, Dijon). Les mobilisations des ressources psychologiques dans les situations de vulnérabilité professionnelles Discutants : Myriam Kettani et Fanny Marteau-Chasserieau Laure Calmelet, Fabrice Deroissard et Julie Lerondeau (doctorants de la Faculté d’Education et de Formation, ICP) Obstacles sémantiques à la dynamique inclusive de l’école Discutante : Florence Lafalaise Sandrine Marois, Karol Fallet et Catherine Zongo (doctorants de la Faculté d’Education et de Formation, ICP) Vulnérable mais capable : de la bienveillance à la reconnaissance de l’autre Discutante : Anne Olivier En dialogue Augustin Mutuale, Jacques Arènes et Gilles Lecocq Ce symposium rend compte d’une recherche collaborative entre chercheurs et organisations professionnelles et a pour objet les transformations de l’expérience. Ce programme de recherche privilégie en particulier l’expérience qui se constitue dans le moment même de l’engagement de l’action. Sont distingués notamment vécu d’expérience, élaboration et communication d’expérience. Seront discutés les constats relatifs à plusieurs milieux professionnels parties prenantes de la recherche : sapeurs-pompiers, enseignements professionnels, intervenants de l’action humanitaire, militants syndicaux, organisateurs de formation. Les chercheurs sont issus de plusieurs entités de recherche : ICP, Cnam, UBO, CREAD, Nanterre, Créteil. Déroulement du Symposium Les acteur.es de cette recherche exposeront la problématique, la démarche et les résultats de cette recherche qui ne vise pas à évaluer les compétences issues de l’expérience mais l’expérience en train de se faire : seront abordés Le rapport entre sujet et action dans ces transformations. XXX Si la plupart du temps cette forme de coopération avec le terrain est attendue voir recherchée, la nature des liens qui s’élaborent à cette occasion, le positionnement de chacun, les formes de collaboration qui émergent, les enjeux de contractualisation qui en découlent, ou bien encore les influences sur les matériaux recueillis ainsi que sur les résultats de la recherche, restent souvent peu analysées ou spécifiées. Derrière l’expression très répandue de « co-production des matériaux et/ou des résultats », force est de constater qu’une ambiguïté demeure quant aux processus en acte que recouvre cette formule. Priorité sera donnée tout au long de ce symposium à la présentation et discussion de travaux empiriques dans lesquelles la part d’autrui est constitutive non seulement de la construction de la recherche, mais aussi de la construction des sujets participants à la construction de la recherche. Une dimension pluridisciplinaire et internationale sera apportée grâce à la collaboration avec des chercheurs de l’université de São Paulo (USP) au Brésil. Les symposiums ont pour but de rendre manifeste au sein de la Biennale le développement conjoint des activités de recherche et des initiatives, projets, expériences en réponse aux enjeux professionnels et sociaux. Ils précisent, au regard du champ large couvert par la Biennale en 2023, les objets travaillés, les ensembles conceptuels investis et les dispositifs méthodologiques mis en œuvre Ils sont organisés par des entités de recherche associées à d’autres entités de recherche et/ou d’autres entités professionnelles selon une logique d’interface entre milieux scientifiques et milieux professionnels. Ils seront conçus dans une perspective d’investissement réciproque et de discussion des résultats utiles pour la compréhension et la conception. Les entités qui se seront déclarées auprès des organisateurs de la Biennale sont responsables de la conception et de l’organisation des symposiums acceptés par le Comité des symposiums de La Biennale. Les communications sont placées sous leur responsabilité scientifique. (1) Disponible en haut à droite de cette page ou sur demande à l’adresse contact : contact@labiennale-education.eu
1. Cadrage scientifique du symposium
2. Programme du symposium
3. Résumé des communications
L’étude des affordances socio-culturelles comme analyseur des
transformations de l’activité du formateur dans les formations
médiatisées d’adultes
Entretien de recherche, dispositif de formation et affordances : ce que
la recherche contribue à transformer
Lire l’activité d’enseignement-apprentissage à travers le prisme des affordances
Introduction d’une plateforme en ligne dans l’activité du formateur :
nouveaux possibles pour faire face aux contradictions
vendredi 22 septembre 2023 – 10h00-12h30 – salle V20
Entité de recherche organisatrice
Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Formation et en Éducation (LIRFE) – UCO – Faculté d’éducation – Rue Merlet de la Boulaye – 49000 Angers
Collège St Louis – Avenue de la Hublais – 35510 Cesson-Sévigné
LE MOUILLOUR Ségolène
vendredi 22 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle V10
Entité de recherche organisatrice
Unité de recherche Formation et Apprentissages Professionnels
L’Institut Agro Dijon
26 boulevard du Docteur Petitjean, 21000 DIJON Cedex
METRAL Jean-François
mercredi 20 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle Z37
Entité de recherche organisatrice
LISEC Equipe ATIP Université de Lorraine Université de Haute-Alsace Université de Strasbourg LISEC, F- 54000 Nancy
France
CREAD, Université de Rennes 2, place du Recteur Henri Le Moal CS 24307 – 35043 Rennes Cedex
Transition pro , Le Trident, 6 Rue Cyfflé, 54000 Nancy
Mission Locale du nord Meusien , 17 Rue des Frères
Boulhaut, 55100 Verdun
HOUOT Isabelle
jeudi 21 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle Z23
Entité de recherche organisatrice
LIRFE (Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche sur les Questions Vives en
Formation et en Éducation)
Université Catholique de l’Ouest
3 Place André Leroy 49000 Angers
MUTABAZI Eric
Enseignant-chercheur UCO
Maître de conférences
emutabaz@uco.fr
0617086916
MUTABAZI Eric
mercredi 20 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle Z23
Entité de recherche organisatrice
Unité de recherche RCS (EA7403)
Institut Catholique de Paris
ISFEC La Salle-Mounier
CHAUVEAU Stéphanie
TESSIER Laurent
jeudi 21 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle Z29
Entité de recherche organisatrice
Observatoire de la formation professionnelle du Québec : https://observatoirefp.org
Haute école fédérale en formation professionnelle HEFP : https://www.hefp.swiss
CAPRANI Isabelle professeure à l’Haute école fédérale de formation professionnelle (HEFP)
BEAUCHER Chantale professeure à l’Université de Sherbrooke et responsable de l’Observatoire de la
mercredi 20 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle Z29
Entité de recherche organisatrice
– Centre de recherche en psychologie des organisations et des institutions de l’Université libre de Bruxelles, CeRePOI-ULB ; Av. Franklin Roosevelt 50 (CP122), 1050 Bruxelles
– Laboratoire interdisciplinaire de recherche sur les transformations des pra
Service d’Orientation et d’Accompagnement vers la Réussite, Université Saint Louis-Bruxelles, SOAR de l’USL-B
HAJJI Azzedine
mercredi 20 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle Z34
Entité de recherche organisatrice
IRDENA : Institut de recherche en Didactiques et Education de l’Université de Namur
https://irdena.unamur.be/
61, rue de Bruxelles – 5000 Namur – Belgique
Département Education et Technologie de l’Université de Namur
61, rue de Bruxelles – 5000 Namur
https://www.unamur.be/det
BIEMAR Sandrine
mercredi 20 septembre 2023 – 14h00-17h00 – salle Z33
Entité de recherche organisatrice
– Haute Ecole Pédagogique du Canton de Vaud, avenue de Cour 33, 1014 Lausanne, Suisse (Marco Allenbach, cf
ci-dessus)
– Université de Moncton, Province du New Brunswick, Canada (Caterina Mamprin, caterina.mamprin@umoncton.ca)
Nos travaux mettent en jeu nos activités de formation, accompagnement, intervention, et service la cité ; en ce sens, les deux institutions porteuses du projet ne sont pas seulement des entités de recherche, mais en même temps des entités professionnelles
ALLENBACH Marco
vendredi 22 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle V20
Entités de recherche organisatrice
– UMONS – Service de Pédagogie et Andragogie Sociales
Place du Parc 18, 7000 Mons, Belgique.
Tabatha Carton – tabatha.carton@umons.ac.be
Willy Lahaye – willy.lahaye@umons.ac.be
– Université Paris 8
Rue de la Liberté 2, 93200 Saint-Denis, France.
Florence Bouillon – florence.bouillon@gmail.com
– Université de Rennes 2 – CREAD
Avenue Charles Tillon CS 24414, 35044 Rennes cedex, France.
Amélia Legavre – legavreamelia@gmail.com
– Université de Limoges – Laboratoire (FrED)
Éducation et Diversités en espaces Francophones
39E rue Camille-Guérin 87036 Limoges Cedex et
– Université Lumière Lyon 2 – Institut de Psychologie, Laboratoire DIHPE
(Développement, Individu, Processus, Handicap, Education)
Avenue Pierre Mendès 5, 69676 Bron Cedex, France
Kevin Rebecchi – kevin.rebecchi@univ-lyon2.fr
L’entité professionnelle est constituée d’établissements alternatifs privés situés en France, et Belgique, ainsi que des panels de parents et d’enfants ayant fait le choix de l’instruction en famille.
CARTON Tabatha
PIRET Gwendydd, LAHAYE Willy & THOLLEMBEEK Gaëlle
Qui décide de quoi ? Procédures et processus de décision dans trois écoles démocratiques françaises
vendredi 22 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle Z23
Entité de recherche organisatrice
HEFP Haute Ecole Fédérale en Formation Professionnelle
Avenue de Longemalle 1
CH-1020 Renens
HEFP Haute Ecole Fédérale en Formation Professionnelle
Avenue de Longemalle 1
CH-1020 Renens
FRISTALON Isabelle
vendredi 22 septembre 2023 – 10h00-12h30 – salle W10
Entité de recherche organisatrice
LIRDEF EA 3749, 2 place Marcel Godechot, 34092 Montpellier cedex 5
responsable de l’entité de recherche :
Muriel Guedj, LIRDEF, 2 place M. Godechot, 34092 Montpellier cedex 5
Université Paul-Valéry Montpellier 3
PEREZ-ROUX Thérèse
vendredi 22 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle Z29
Entité de recherche organisatrice
LIRDEF EA 3749, 2 place Marcel Godechot, 34092
Montpellier cedex 5
Université Paul-Valéry Montpellier 3, Route de Mende, 34099
Montpellier cedex 5
MALEYROT Eric
jeudi 21 septembre 2023 – 14h00-16h45 – salle Z33
Entité de recherche organisatrice
CREAD – Centre de recherches sur l’éducation, les apprentissages et la didactique.
Université Rennes 2, Place du recteur Le Moal, 35000 Rennes
Jérôme Eneau : jerome.eneau@univ-rennes2.fr
Mouvement des Réseaux d’échanges réciproques de savoirs (représenté par son association FORESCO)
3 bis Cours Blaise pascal, 91000 Evry-Courcouronnes
foresco@orange.fr
HEBER-SUFFRIN Claire
Cofondatrice des Réseaux d’échanges réciproques de savoirs®
vendredi 22 septembre 2023 – 10h00-12h30 – salle Z23
Entité de recherche organisatrice
Laboratoire CIREL, Université de Lille ; Laboratoire FOAP, CNAM Paris
JÉZÉGOU Annie
ROQUET Pascal
jeudi 21 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle Z34
Entité de recherche organisatrice
Equipe Fragilité et Institutions de l’Unité de recherche EA 7403 de l’ICP, 64 rue de Vaugirard 75006 Paris, f.serina-karsky@icp.fr
Ecole de Psychologues Praticiens, 23 Rue du Montparnasse, 75006 Paris, alpoujol@psycho-prat.fr
PARAYRE Séverine
POMBET Thibaud
mercredi 20 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle W10
Entité de recherche organisatrice
Chaire Unesco ICP 74 rue de Vaugirard 75006 Paris
3CA-BTP /SDIS-91 /FORMIRIS/ CFDT-Réunion -/Défi-Métiers
DUTOIT Martine
vendredi 22 septembre 2023 – 10h00-12h30 – salle Z29
Entité de recherche organisatrice
CREAD (EA 3875) – Université Rennes 2 (E. Bertrand)
LIRFE – UCO (P. Duperray et S. Mallard)
SARL ALMAKO Consulting – ESSOR, 4 bis Place René Cassin à Morlaix 29600 – ngaye.traore@essor-carriere.com
BERTRAND Eric
DUPERRAY Paola
MALLARD Simon
jeudi 21 septembre 2023 – 14h00-16h30 – salle Z35
Entité de recherche organisatrice
UPEC (Joris Thievenaz)
UBO Brest (Jérôme Guérin)
Institut Agro Dijon (Marion Paggetti)
Université de São Paulo (Magali Cinira Fortuna)
THIEVENAZ Joris
GUERIN Jérôme
PAGGETTI Marion
FORTUNA Cirina
L’appel (terminé) aux symposiums 2023 :
LES SYMPOSIUMS
* Compléter la demande d’organisation d’un symposium de recherche (1) et l’adresser à symposium@labiennale-education.eu
* Désigner un·e responsable du projet, représentant le symposium pour les contacts avec la responsable du comité des symposiumsDate limite de la demande : 31 décembre 2022 Cahier des charges des symposiums
« Symposiums de recherche »
organisés par des unités de rechercheLe thème du symposium est en lien avec la thématique générale de la Biennale
L’unité de recherche proposant le symposium devra s’associer avec a minima une autre entité de recherche ou une entité professionnelle.
Les entités associées sont responsables de la conception et de l’organisation du symposium. Les interventions sont placées sous leur responsabilité scientifique.
La Biennale accueille le symposium dont la demande présentée avant le 31 décembre 2022 a été acceptée et l’inscrit dans son programme. Son titre et sa présentation sont donc importants. Des modifications pourront cependant être apportées ultérieurement.
Les entités associées présentant un projet de symposium désignent un·e responsable qui deviendra l’interlocuteur·e pour la Biennale.
Les interventions ne sont pas intégrées dans les futurs Actes de la Biennale. Elles bénéficieront toutefois d’une visibilité dans le programme mis en ligne.
Tous les participants au symposium de recherche devront s’inscrire à la Biennale, via leur organisation ou à titre individuel avant le 30 avril 2023. L’unité de recherche proposant le symposium a la responsabilité d’y veiller.
Devront impérativement être communiqués les éléments suivants : unités concernées, nom du responsable du symposium, nom et mail des intervenants dans le symposium, volume de participants envisagé, thème et/ou titre du symposium de recherche, grandes lignes du programme prévu, au plus tard le 30 avril 2023
Proposer un symposium vaut accord avec ce cahier des charges