ÉVRY-COURCOURONNES : une VILLE-APPRENANTE

La biennale reçoit aujourd’hui Alexandra Lion, chargée de mission Ville apprenante de l’Unesco à la mairie d’Évry-Courcouronnes. Nous avons voulu en savoir plus. Elle nous a répondu avec beaucoup d’enthousiasme.

Évry était encore une toute petite ville de moins de cinq mille habitants quand le gouvernement décida, au début des années 60, d’en faire le chef-lieu du département nouvellement créé de l’Essonne, puis d’y implanter une des quatre « villes nouvelles » prévues pour « harmoniser » le développement de l’agglomération parisienne ; dès lors, elle connut une croissance urbaine accélérée, dépassant les cinquante mille habitants au tournant du siècle, pour frôler, aujourd’hui,  les quatre-vingt milles âmes depuis la fusion, en janvier 2019, avec la commune voisine de Courcouronnes. En même temps qu’elle s’urbanisait, la ville accueillit de nombreuses industries et toute une série d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche, à dominante scientifique. 

Deux populations très différentes se croisent sur le territoire de la ville : les habitants de la ville nouvelle, plus jeunes, plus pauvres, moins diplômés, plus immigrés que la moyenne nationale – comme dans toutes les banlieues des grandes villes-, et la masse des chercheurs, médecins, ingénieurs, enseignants travaillant sur le site. Cette coexistence apparut, très tôt, aux élus locaux d’Évry , comme une chance à saisir. Pour éviter que s’instaure une fracture culturelle et donc sociale entre les Évryens, ils mirent en application les R.E.R.S, Réseaux d’Échanges Réciproques de Savoirs, qui se basent sur l’idée que « chacun peut apprendre mais qu’il possède aussi des savoirs qu’il peut transmettre » créés par Claire et Marc Heber-Suffrin, il y a près de cinquante ans. Idée tout à fait novatrice, surtout à l’époque, et que l’on s’efforce de mettre en pratique à travers des manifestations variées : conférences, visites de laboratoire, mais aussi des opérations plus originales comme les « cafés du gène », organisés dans un centre commercial par le Gènopole , un pôle de recherche qui regroupe entreprises, laboratoires universitaires, plateformes technologiques et services techniques, ou bien la fête de la science et « rond-point » des sciences et , bien sûr, le « Grand Bazard de la Ville Apprenante » (voir vidéo). 

Pour toutes ces occasions, toute la ville se mobilise : les établissements scolaires (de la maternelle à l’université), les équipements culturels, les maisons de quartier, centres sociaux et aussi les quelques 500 associations que compte la ville. Tous ont pris l’habitude de travailler ensemble pour faire d’Évry une ville apprenante ! Cette unanimité se retrouve aussi au niveau politique : le conseil municipal, tous partis confondus, appuie les projets et, quand Évry et Courcouronnes ont fusionné, cette unanimité a persisté alors que les deux équipes communales étaient de bords politiques différents.

En 2019 Évry a rejoint le réseau des Villes Apprenantes de l’UNESCO. C’est pour la ville l’occasion de discuter avec des partenaires du monde entier engagés dans des démarches proches de la sienne, de confronter des expériences, de mener des projets communs. C’est ainsi, par exemple, qu’Évry échange avec Chisinau, en Moldavie, sur la stratégie éducative, ou avec Charleroi, en Belgique, sur l’accès à l’enseignement supérieur. Cette coopération internationale a été particulièrement utile lors de la crise du Covid 19 : confrontées aux mêmes problèmes, les villes du réseau ont échangé en temps réel leurs stratégies et se sont nourries de l’expérience de leurs partenaires !

Propos recueillis par JFM


D’une Biennale à l’autre UN LYCÉE DANS UNE VILLE APPRENANTE